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  • Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Vivre les peurs autrement



Imaginez-vous dans le nord de l’Inde, il y a vingt-cinq siècles. Il y a une plaine avec un arbre et au pied de cet arbre, un homme est assis en méditation. Il s’appelle Siddhârta, et il est au seuil de l’Éveil. Il médite et dans ce moment de méditation, les visions les plus folles s’élèvent face à lui. Des choses terrifiantes, fascinantes, dont il fait l’expérience. Et au terme de ce moment, il pose la main gauche sur son genou et les doigts de son autre main touchent le sol, prenant ainsi la terre à témoin de tout son chemin spirituel et de la réalisation de son Éveil dans lequel la peur n’est plus éprouvée. Avant son Éveil, le jeune prince Siddhârta a vécu les trente premières années de sa vie dans un environnement extrêmement sécurisé et rassurant. Puis il a vu les quatre grands courants de l’existence : la naissance incontournable, la maladie à laquelle on est obligé de se confronter à un moment ou un autre, la vieillesse avec toutes les difficultés physiques et les peurs qui peuvent l’accompagner, et enfin la mort, inévitable. Le jeune homme, qui n’était pas encore le Bouddha, faisait l’expérience, comme nous, de ces réalités de la vie et a montré, comme nous, l’exemple de l’inquiétude et de la peur. C’est le premier constat qu’a fait le Bouddha : ces différentes expériences qui font l’existence sont incontournables. La peur fait partie de ce lot commun. Mais les questions qui se posent d’abord sont : qu’est-ce que la peur, quel est son objet et comment la vivre ? 

 

La peur est déplaisante, elle anticipe les choses et elle est subjective  

La peur est tout d’abord un sentiment déplaisant qui s’élève en nous lorsqu’on anticipe un risque. Il y a une forme de clarté dans la peur, une intelligence qui nous avertit de la présence possible d’un danger : l’information qu’elle me donne me permet de réagir de la façon qui, pour moi, me semble la plus adaptée possible. Mais le fait est que la peur est un sentiment complètement subjectif : un nageur averti, en voyant de grosses vagues, se dit : « Super, je vais pouvoir m’éclater dans l’eau. » Moi, qui ne suis pas un nageur averti, je me dis exactement le contraire lorsque je vois ces mêmes vagues. Le fait, la situation est la même mais l’inquiétude qui va naître, ou la peur, l’anxiété, dépendent de ma représentation de la situation.  

C’est une caractéristique clé de la peur : elle est basée sur ce qui va se passer et à ce titre elle est fondée sur une représentation mentale plus que sur une réalité. Elle est tellement subjective : si je marche sur un terrain un peu instable, j’ai peur de tomber. Si je tombe, j’ai peur de me blesser. Si je me blesse, j’ai peur des conséquences de la blessure : nous sommes à chaque étape dans ce qui n’est pas encore là. C’est important de comprendre la peur de cette manière, parce que cela veut dire que, si la peur est subjective, je peux travailler avec elle. Cela veut dire que la peur est un état d’esprit que l’on peut travailler et transformer. Elle prend beaucoup de formes différentes : parfois, elle me rend nerveux, anxieux ou elle génère ce sentiment de ne pas être en lien avec la situation. Elle nous donne l’impression que la vie nous dépasse. Parfois, elle nous pétrifie, elle nous fait perdre tout sens de l’humour. Parfois, elle nous fait perdre nos points de référence habituels. Il y a également cette anxiété sous-jacente, et même un peu d’angoisse — la nuit on se réveille, on ne sait pas pourquoi, on a la trouille. C’est de cette peur-là dont nous allons parler à présent : de toutes ces peurs du quotidien, de ces inquiétudes qui sont là et colorent notre existence. Et ici, nous arrivons quand même à une contradiction : la peur, censée nous protéger de l’inconfort du danger, nous place dans le malaise. C’est comme si la peur n’était pas la réponse appropriée à la situation, tout en s’élevant tout de même.  

 

Entre l’espoir, la crainte et l’ignorance 

En réalité, on ne maîtrise pas les situations que l’on rencontre. En regardant honnêtement, nous sommes constamment balancés entre un sentiment de menace par rapport aux situations que l’on ne contrôle pas et une petite anxiété de perdre ce qu’on aimerait bien garder. C’est une expérience sous-jacente aux choses : on aimerait les vivre bien mais il y a un sentiment d’incomplétude.  

Trois énergies émotionnelles viennent alimenter cette expérience. D’une part, il y a le désir-attachement — c’est-à-dire que je voudrais m’approprier tout ce qui me valide. Deuxièmement, il y a l’aversion — je voudrais éviter et ne pas vivre tout ce qui me menace. Nous sommes souvent traversés par cette façon de se poser en contre face à une situation que l’on ne prend même pas le temps d’accueillir ou de comprendre. De là découle tout ce qui est lié à la colère, à l’irritation, à l’aversion qui sont des façons très maladroites de se placer face à une situation – puisque nous perdons ainsi toutes les possibilités et la créativité de pouvoir y répondre autrement. Et il y a enfin une troisième énergie moins évidente à comprendre : l’ignorance. Cette notion, peu présente à mon sens dans la psychologie occidentale, est souvent évoquée par le Bouddha. Il en parle comme le fait de ne pas voir les choses. Nous n’entrons pas complètement en relation avec les situations et nous ne percevons pas les choses telles qu’elles se présentent. Cette sorte de confusion qui prend place nous limite par rapport aux situations. Cet écart entre moi – ce que je vis – et les autres et ce qu’ils vivent, cette dualité qui est nourrie par la fascination (je cherche ce qui me confirme), l’aversion (je rejette ce qui m’infirme), et puis un flou, somme toute parfois assez confortable, n’aident pas à clarifier notre relation au monde. 

 

Une petite anecdote : récemment, j’étais chez un commerçant de mon quartier qui me dit : « Il paraît que vous faites une conférence ? » « Oui, à propos des peurs. » « Ouh, il y a beaucoup à dire ! » Effectivement, c’est un sujet dense. En me reconduisant à la porte, il me dit : « Mais vous, avec votre méthode… » « Oui, c’est plus facile ! » lui ai-je dit avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase. Et cet homme de me répondre : « Que vous dites ! » (rires dans la salle)  

J’ai trouvé cela extrêmement bien : ce n’est pas parce que le bouddhisme est là que d’un seul coup, tout va devenir facile, comme si on était sur un chemin spirituel et que la peur de la mort s’évaporait… ! Je remercie cet homme parce que je suis rentré chez moi et j’ai relu la conférence que j’avais préparée, en me demandant si c’était pertinent.  

 

Peur et espoir nous traversent sans cesse. Quand on désire quelque chose, il y a l’espoir de l’atteindre et la peur de ne pas l’acquérir. Et quand nous ne voulons pas quelque chose, il y a l’espoir de ne pas le rencontrer et la peur de devoir le vivre. Ce sont les fameux « pourvu que ». Nous sommes en danseuse entre ces énergies de la peur et de l’espoir qui nous taraudent et fonctionnent de pair.  

 

Au-delà de toute la confusion qui nous traverse, il y a en nous un espace que l’on peut appeler la bonté ou la santé fondamentale.

 

Le courage du regard intérieur 

Je pense qu’on ne peut pas amener quelque part les peurs qui nous traversent si on ne prend pas la peine de développer un regard intérieur : c’est la condition première pour travailler avec les peurs.  

De façon générale, nous sommes souvent dans l’évitement : s’il fallait aller à la rencontre de chacun des états d’esprit qui nous traversent… et pourtant le Bouddha, comme point de départ, propose : « Posez-vous et allez à la rencontre de vous-même. » C’est une décision à prendre. Si je veux vivre les peurs autrement, l’étape première est de se poser et de regarder, d’aller à leur rencontre. Et si on se pose et qu’on regarde ce qui se passe en nous-mêmes, que va-t-on rencontrer ? D’une part, nos colères, nos aversions, nos irritations, nos fascinations, nos attentes, nos ignorances, nos inquiétudes… Puis, on rencontre un second aspect — c’est un postulat qui est posé par le Bouddha : c’est la clarté fondamentale. Nous sommes fondamentalement  sains, en bonne santé psychique — je ne sais pas comment le dire exactement : il y a une clarté fondamentale dans l’esprit. Techniquement, on parle de potentiel d’éveil et encore plus techniquement de nature de Bouddha. C’est un regard que l’on pose sur soi : au-delà de toute la confusion qui nous traverse, il y a en nous un espace que l’on peut appeler la bonté ou la santé fondamentale. Je dirais même que la capacité, le courage de se poser et de regarder ce qui se passe en nous fait déjà partie de cette santé fondamentale. Elle est déjà là, et donne cette capacité à poser un regard direct sur nous-mêmes. Nous avons cette capacité, elle est certes atrophiée, ou plutôt voilée, obscurcie. Cet entraînement à se regarder soi-même avec simplicité, tels que nous sommes, c’est la méditation. La méditation, ce n’est pas un truc incroyable, destiné aux bouddhistes tibétains ou je ne sais quoi ; la méditation, c’est s’asseoir pour regarder : « Tiens, qu’est-ce qui se passe en moi maintenant ? », sans se laisser emporter par les jugements. C’est un entraînement : on regarde, avec bienveillance. Si on s’entraîne à se poser avec ce regard de bienveillance, peu à peu on va voir l’agitation, mais aussi cette capacité de clarté, saine, de rencontrer nos fonctionnements.  

Il y a un bienfait particulier à aborder les choses ainsi : le fait de voir ce qui se passe en nous, nos fonctionnements, sans les juger, est en soi thérapeutique. Si je vois quelque chose en moi, que je le rencontre, que je ne le rejette pas, que je ne le suis pas, alors je rencontre mes fonctionnements, petit à petit. Il y a quelque chose qui en soi-même, par soi-même, de soi-même s’apaise. C’est le propos même de la méditation. Autrement dit, au fur et à mesure que nous allons avoir le courage d’aller à la rencontre de nos peurs, elles seront de moins en moins un problème. Cela veut dire que je suis suffisamment en alerte, présent à moi-même au moment où la peur prend place pour l’accueillir.  


L’obstacle de la distraction et des occupations 

Si on regarde bien dans notre quotidien, sans cesse nous « prenons refuge » dans l’accumulation de toutes sortes de choses : certains collectionnent, d’autres s’agitent, d’autres gambergent… On s’occupe. Tant qu’on s’occupe, on ne se rencontre pas soi-même. À bien y regarder, une fois qu’on s’est occupé et que l’occupation est terminée, il nous en faut une autre : on est sans cesse en train de faire écran — nous avons de très bons alibis : c’est intéressant, c’est riche, c’est culturel… Dit autrement, aurions-nous peur de nous poser ? On essaie de calmer l’esprit et ça rumine encore et encore, et même lorsqu’on décide d’arrêter de se distraire, le petit vélo continue de tourner. Nous sommes tous tenus par ces fonctionnements... Souvenez-vous : la méditation est un regard bienveillant sur soi-même, une manière de se prendre en flagrant délit de distraction permanente. On va se surprendre irrité, fasciné ou confus, et on va voir ce qui se passe dans l’instant de la situation.  

Je ne dis pas que toutes les occupations et distractions que nous avons sont une fuite devant l’essentiel. Nous sommes vivants ! On travaille, on se divertit, on a des relations, etc. Mais il s’agit de se rencontrer soi-même et ce qu’il est intéressant de se demander, quand on se pose dans l’instant, c’est : « Où sont les lieux de fuite ? Où suis-je en train d’essayer de ne pas me rencontrer ? » C’est une question qui peut être parfois anxiogène certes, mais nous l’avons déjà dit : nous essayons de ne pas porter de jugement et surtout nous partons de l’envie de travailler avec les peurs, de les traverser. Je pense que c’est une condition, en plus de cette rencontre avec soi-même, de commencer à chercher les lieux de fuite, d’évitement de soi. Il y a comme un défi à poser à notre monde névrotique dans lequel nous cherchons en vain un réconfort. 

 

Il s’agit de rentrer en amitié avec nos peurs. L’absence de peur naît de la compréhension de la peur : il nous faut être curieux de l’inquiétude.

 

Rentrer en amitié avec nos peurs 

Si l’on veut aller vers une attitude courageuse et intrépide dans l’accueil des situations, le propos va être d’accueillir la peur avec bienveillance. On va commencer à prendre nos peurs avec moins de sérieux. On pourrait même dire qu’il s’agit de rentrer en amitié avec nos peurs. L’absence de peur naît de la compréhension de la peur : il nous faut être curieux de l’inquiétude. Au début on les subissait. Là on commence à les rencontrer avec une certaine curiosité, on a envie de les explorer. On a changé notre regard par rapport à ce qui nous traverse. Surtout qu’à force de les regarder on va se rendre compte que la peur, la colère, les fascinations sont toutes de même nature : c’est très fugace. Ça commence à un certain moment, ça se déploie et puis ça s’arrête. On arrive même, à force d’observer ses peurs, à avoir un certain sens de l’humour : ça suppose que l’on a assumé le fait que la colère ou la peur est la nôtre, qu’elle est subjective, que c’est moi qu’elle traverse, que c’est moi qui l’expérimente et que je peux me permettre de changer de regard par rapport à cette expérience de l’émotion momentanée.  

 

Élargir la vision 

La caractéristique même de l’inquiétude est de nous rendre étroits : la peur réduit nos horizons. Tandis que nous sommes de plus en plus à l’aise avec les peurs, les situations que l’on rencontre ressemblent de moins à des agressions. On commence à être plus en lien avec les choses parce qu’elles sont moins filtrées par tous les processus émotionnels. Quelques réflexions permettent de développer une vision plus vaste.  

Première réflexion : les choses sont impermanentes, elles changent, elles se transforment. Mais que nous le voulions ou pas, nous vieillissons, les choses changent d’instant en instant et nous avons l’expérience des conséquences de cela. Le Bouddha nous invite à nous familiariser avec cette idée, encore et encore, à ne pas voir l’impermanence comme une agression mais comme le déploiement dynamique du vivant. Nous ne pouvons pas faire l’économie de nous familiariser peu à peu, de nous apprivoiser avec cette impermanence si nous voulons avoir une vision vaste. Et aussi, peut-être, y aura-t-il une envie de nous préparer à notre propre mort : par la réflexion sur l’impermanence, petit à petit on l’accueille, elle n’est plus là comme un outrage, elle est là comme du réel.  

 

Le Bouddha nous invite à nous familiariser encore et encore avec l’idée de ne pas voir l’impermanence comme une agression mais comme le déploiement dynamique du vivant.

 

Deuxième réflexion : voir qu’une situation est toujours composée et interdépendante. En général, on prend les situations comme un tout, comme une entité. Par exemple, je suis en ce moment face à un public ; cela peut faire peur, un public. Mais c’est quoi, un public ? C’est une somme d’individus, c’est un composé de quelque chose. Et si je suis face à une somme d’éléments distincts, je ne suis pas face à une entité qui peut éventuellement être menaçante. Ça peut nous paraître abstrait, mais s’entraîner à ce discernement nouveau, c’est éviter les « comme toujours » qui relèvent du domaine de la routine ou de l’inquiétude. Notre ennemi ici peut être la routine ; la réflexion sur le composé et l’impermanence nous permet d’aborder les choses « comme jamais ». Il y a un regard frais, nouveau. Ce n’est pas artificiel, c’est une relation très concrète avec moi-même, avec mon environnement. 

Troisième réflexion : nous avons un rapport trouble au bonheur et à la souffrance. L’idée, pour voir de façon plus vaste, est de ne pas succomber systématiquement au fait que le désagréable est souffrance et que l’agréable est bonheur. Notre rapport aux choses est profondément conditionné par cette polarité. Pourtant, un coureur de fond qui s’entraîne et essaie de participer au marathon de Bordeaux n’a pas peur des douleurs qu’il va rencontrer, ça fait partie de son projet. C’est-à-dire qu’il a donné un sens à son expérience de la douleur. C’est ce que nous faisons quand nous estimons qu’un projet en vaut la peine, nous sommes prêts à en rencontrer tous les aspects. Si nous souhaitons travailler avec nos peurs, sommes-nous prêts à nous laisser traverser par une inquiétude sans bouger ? À ce moment-là, nous allons entrer en relation différemment avec les choses parce que nous sommes prêts à accueillir l’inconfort qui va avec la peur. Parce que nous savons où nous voulons aller. Puisque l’expérience s’élève, plutôt que de l’éviter parce qu’elle est déplaisante, je prends le risque du déplaisir, parce que ça fait sens pour moi.  

 

Aimer 

Je suis à présent davantage en lien avec les choses, les situations, les autres, avec moi-même, parce que j’ai fait une partie du voyage – avec l’entraînement à se poser, à regarder, à rentrer en amitié avec mes peurs, à mieux comprendre l’impermanence, l’aspect composé et interdépendant de la vie. À ce moment-là, je peux commencer à accueillir les situations telles qu’elles sont. Et ce que nous propose le Bouddha est de nous entraîner à développer une bienveillance par rapport aux situations — c’est-à-dire : « Comment puis-je faire grandir et moi et l’autre, dans une situation ? » On commence à être acteur de la situation plutôt que de la subir. L’amour et la compassion demandent de se familiariser, d’être conscient des processus que nous avons vus. Parce que nous avons une meilleure compréhension de la situation des autres, on va s’ouvrir à la situation en réagissant de façon plus juste, et non par fascination ou par peur. On a l’espace pour le faire : l’amour et la compassion ne sont pas seulement des sentiments favorables face à une situation manifeste, ils sont aussi une force de clarté qui nous permet de répondre de façon juste. Petit à petit se libère un espace dans lequel les peurs commencent à ne plus être prises au sérieux du tout. Non seulement elles ne sont plus prises au sérieux, mais il y a un sens de l’humour qui remplace ce dernier. C’est facile de décrire un processus dans une conférence, après il reste à le vivre ; tout le propos consiste à s’entraîner. Chaque chose qui est faite est une graine plantée. Chaque graine plantée, petit à petit, va mûrir ; et si on a cette continuité, cette régularité dans l’entraînement, c’est cela qui mène à une transformation. Il y a donc l’idée d’un travail en douceur, sur le long terme. Souvenez-vous : on a parlé de bonté fondamentale, de clarté fondamentale — elle est présente, il s’agit de la dévoiler.  

Dernière chose : dès l’instant où l’on commence à mettre en œuvre ce chemin, quelque chose prend place, car nous sommes des êtres vivants en processus de dévoilement, de transformation. Si l’on fait vivre ce processus de transformation, nous allons développer petit à petit l’une des générosités que le Bouddha a enseignées : c’est la générosité de l’absence de peur. Non seulement j’ai travaillé avec mes peurs, je suis plus ouvert, plus stable, mais je peux, en tant qu’humain avançant sur le chemin, devenir peu à peu une source de confiance pour les autres. C’est quelque chose qui est applicable et que beaucoup d’entre nous appliquent déjà. Quel que soit le métier que l’on exerce, dans la relation avec les collègues, avec les amis, avec ses enfants, sa compagne, son compagnon, il y a l’idée de transmettre une confiance que nous avons fait mûrir au cœur de nous-mêmes. Nous faisons encore un pas en plus : pas simplement dépasser nos peurs pour notre propre tranquillité mais pour transmettre, partager quelque chose. Finalement, nous sommes tous à notre manière, à un moment ou à un autre, comme assis au pied de l’arbre de la Bodhi. Quand les peurs s’élèvent, nous pouvons prendre la terre à témoin du chemin que nous avons parcouru. Même si c’est une situation, un moment d’émotion que l’on accueille autrement, une façon d’entrer différemment en relation par rapport à d’habitude, c’est à chaque fois un moment d’intrépidité qui est planté et qui mûrit peu à peu. Je vous invite tous à cultiver cette expérience 



Ce texte est adapté d’une conférence publique de lama Puntso donnée à Bordeaux en février 2011. 

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°12 (hiver 2019)

 

 Lama Puntso a accompli sept années de retraite traditionnelle d’étude et de méditation sous la direction de Guendune Rinpoché, maître de méditation. Il est enseignant depuis une vingtaine d’années. Il mène l’« Atelier des Savoirs », un groupe de travail et de réflexion sur les apports du bouddhisme aux problématiques du monde actuel. 

 

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