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Sans but ni esprit de profit - Un enseignement du maître zen Sôtô Taisen Deshimaru

Dernière mise à jour : 2 mai

 

Taisen Deshimaru

(1914-1982), appelé également Mokudō Taisen, est un maître bouddhiste zen japonais de l’école Sōtō et l’un des principaux introducteurs du zen en Occident. Il est le fondateur et l’inspirateur de nombreux dojos et groupes zen en Europe.

 

Extrait de l’Intégrale n° 6, Hannya Shingyo, paru aux Éditions AZI


Maître Taisen Deshimaru ©AZI
Maître Taisen Deshimaru ©AZI

Sous un pont vivait une famille de mendiants, un homme, une femme et leur fils. Un jour, la femme revenant de mendier dit à son mari : « Aujourd’hui, je n’ai pas du tout reçu d’argent. Beaucoup de voleurs étaient passés dans les maisons et les gens avaient peur de me donner de l’argent. » Entendant ces paroles, le jeune fils dit : « Papa, nous sommes très heureux, jamais un voleur n’entre dans notre maison ! » « Bien sûr, dit le père, il faut remercier notre pauvreté, c’est le mérite de tes parents. Personne n’entre sous ce pont. »


Si on n’a rien, ce n’est pas la peine d’avoir peur. Maintenant, nous avons une boutique, rue Pernety, parfois des voleurs entrent et je dis toujours à M. de faire attention. Mais dans mon esprit je n’y attache pas beaucoup d’importance. Il s’agit d’un problème d’esprit. Même si tout est perdu, tant pis. C’est la vie ! Il est nécessaire de faire attention. Les gens attachent toujours trop d’importance au matériel, et à l’époque moderne certains volent l’esprit. C’est encore pire. Les personnes qui ont des propriétés ou reçoivent des honneurs ont peur de les perdre, ceux qui ont de l’argent veulent le conserver, ceux qui ont une belle femme y sont trop attachés. Si on a un beau visage, on ne veut pas vieillir et perdre cette beauté. Mais si on devient mushotoku*, il n’est plus besoin d’avoir peur.


(*) Mushotoku : expression du zen japonais signifiant « sans but ni esprit de profit », très employée par maître Deshimaru.


Note : Dans les années 1970, maître Deshimaru avait encouragé la fondation d’une petite boutique à Paris, la boutique Daruma, pour rendre disponibles les objets de pratique (zafus, kimonos, livres...). Elle est aujourd’hui rue de Tolbiac.



Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°6 (Printemps 2018)


 




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