Les bases du bouddhisme expliquées*
Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
La première noble vérité du Bouddha est le plus souvent – mais de façon inexacte – traduite en français par « la vie est souffrance ». Comme c’est souvent le cas, ce texte ancien perd beaucoup avec la traduction.
Le mot pali dukkha, généralement traduit par « souffrance », a un éventail de significations plus subtiles. Il est parfois décrit de manière métaphorique comme une roue qui est hors de son axe. Une traduction plus littérale de la première noble vérité pourrait être « la vie est insatisfaction ».
Le Bouddha a enseigné qu’il existe trois sortes de dukkha. La première est la douleur physique et mentale causée par les stress inévitables de la vie, comme la vieillesse, la maladie et la mort. La deuxième est la détresse que nous ressentons en raison de l’impermanence et du changement, comme la douleur de ne pas obtenir ce que nous voulons et de perdre ce qui nous est cher. Le troisième type de dukkha est une sorte de souffrance existentielle, l’angoisse d’être humain, de vivre une existence conditionnée et d’être sujet à la renaissance.
À la base de toutes les sortes de dukkha se trouve le désir, ou l’attachement. Nous traversons la vie en saisissant ou en nous accrochant à ce que nous pensons pouvoir nous satisfaire et en évitant ce que nous n’aimons pas. La deuxième noble vérité nous dit que c’est précisément cette façon de s’accrocher ou d’éviter qui est à l’origine de dukkha. Nous sommes comme des gens qui se noient et qui cherchent quelque chose qui passe pour nous sauver, puis découvrent que ce à quoi nous nous sommes accrochés n’apporte qu’un soulagement momentané, ou une satisfaction temporaire. Ce que nous désirons n’est jamais suffisant et ne dure jamais.
La troisième noble vérité nous assure qu’il existe une autre façon de mettre fin à la souffrance, et cette façon, comme l’explique la quatrième noble vérité, est la pratique du noble chemin octuple**. En pratiquant, nous développons un bonheur qui ne dépend pas d’objets extérieurs ou d’événements de la vie, mais qui résulte d’un état d’esprit cultivé qui ne va et ne vient pas au gré des circonstances. Même la douleur physique devient moins stressante avec la conscience que procure un esprit cultivé.
Ainsi, l’enseignement des quatre nobles vérités n’est pas que la vie est irrémédiablement vouée à n’être que souffrance, mais que les moyens de s’en libérer sont toujours à notre disposition. En ce sens, le bouddhisme n’est pas pessimiste, comme beaucoup le supposent, mais optimiste.
(*) Extrait de Buddhism for Beginners, tricycle.org
(**) Voir Sagesses Bouddhistes Le Mag n° 6, p. 14 à 19 : « L’octuple sentier, une voie vers l’éveil » par Jeanne Schut
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°15 (Automne 2020)