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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Vous n’êtes pas tout seul

 

« Tant qu’une société tient des assemblées régulières et fréquentes, se réunissant dans l’harmonie

et le respect mutuel, on peut s’attendre à ce qu’elle prospère et non à ce qu’elle décline.

Tant qu’une société suit les traditions de sagesse de longue date et honore ses aînés,

on peut s’attendre à ce qu’elle prospère et non à ce qu’elle décline.

Tant qu’une société protège les épouses et les filles et les plus vulnérables de ses membres,

on peut s’attendre à ce qu’elle prospère et non à ce qu’elle décline.

Tant qu’une société s’occupe des sanctuaires et des lieux sacrés du monde naturel,

on peut s’attendre à ce qu’elle prospère et non à ce qu’elle décline. »

-Mahaparinirvana Sutta (un texte des derniers enseignements du Bouddha)

 

 

En tant que nation et en tant que planète, nous traversons une période de division et de souffrance. C’est maintenant le moment de se dresser pour défendre ce qui compte. Pour s’opposer à la haine. Pour le respect. Pour la protection des personnes vulnérables. Pour prendre soin de la nature.


C’est un malentendu que de penser que la méditation et la contemplation sont l’accomplissement du chemin bouddhique. La paix intérieure, la liberté et la joie ne se développent qu’en association avec les enseignements extérieurs de la vertu, du respect et de l’attention mutuelle. Le fondement du Dharma est relationnel, construit sur la générosité, la vertu et l’amour bienveillant. La Voie octuple vers le bonheur et la libération humaine repose sur l’intention juste, c’est-à-dire des intentions qui sont exemptes de cupidité, de haine et de cruauté ; la parole juste, c’est-à-dire un discours vrai et utile, non pénible, ni vain, ni diffamatoire, ni abusif ; et l’action juste, c’est-à-dire des actes qui ne causent ni tort, ni meurtre, ni vol, ni exploitation sexuelle.

Dans sa vie, le Bouddha est intervenu pour tenter d’arrêter des guerres. Il conseillait les rois et les ministres, et guidait ceux qui l’entouraient avec des enseignements de paix et de respect. Dans les temps modernes, Maha Ghosananda[1] a rejoint le processus de paix des Nations unies et a mené des années de marches pacifiques d’amour bienveillant à travers les zones de guerre et les champs de bataille du Cambodge. Des abbés thaïlandais ont ordonné les plus vieux arbres comme aînés de la forêt afin de protéger des écosystèmes entiers de l’exploitation forestière. Des moines et des nonnes birmans ont défilé dans les rues pour protéger les citoyens de la dictature militaire. A.T. Ariyaratne[2], au Sri Lanka, a enrôlé des centaines de milliers de personnes dans un plan de paix de 500 ans. Des monastiques vietnamiens, chinois et tibétains ont défendu la paix, la justice et la compassion, s’immolant parfois eux-mêmes pour arrêter les actions néfastes qui les entourent.

Gandhi explique : « Ceux qui disent que la spiritualité n’a rien à voir avec la politique ne savent pas ce que signifie vraiment la spiritualité. »


Il ne s’agit pas de rouge ou de bleu. Il s’agit de défendre les principes humains les plus fondamentaux, l’action morale et la prévention des préjudices. Il s’agit d’incarner le Dharma au milieu des troubles du monde.

Vous n’êtes pas seul. Vous avez des générations d’ancêtres à vos côtés. Vous avez la bénédiction de l’interdépendance et de la communauté. Vous avez les grands arbres de la forêt comme alliés inébranlables. Vous avez le changement des saisons et le renouveau de la vie comme musique. Vous avez le vaste ciel de la vacuité afin soutenir toute chose avec grâce.


Vous vous entraînez pour cela depuis longtemps. Avec la pratique, vous avez appris à calmer l’esprit et à ouvrir le cœur. Vous avez appris la vacuité et l’interdépendance. À présent, dans notre difficulté collective, il est temps d’aller de l’avant, d’apporter équanimité et courage, sagesse et compassion au monde. Le bodhisattva montre le chemin pour soulager la souffrance au milieu de tout cela.


Comme l’explique le maître zen Thich Nhât Hanh, « quand les bateaux surpeuplés de réfugiés vietnamiens rencontraient des tempêtes ou des pirates, si tout le monde paniquait, tous étaient perdus. Mais si une seule personne sur le bateau restait calme et centrée, c’était suffisant. Cela montrait à tous la voie pour survivre. »

Partout dans le monde, des tempêtes d’incertitude et de peur ont éclaté. Il est temps de se lever collectivement, calmement et clairement. Avec la paix et le respect mutuel, nos communautés bouddhistes peuvent devenir des centres de protection et de vision.


La protection peut prendre plusieurs formes. La protection peut être un refuge pour les personnes en danger. La protection peut être d’affronter habilement ceux dont les actions pourraient nuire aux plus vulnérables d’entre nous. La protection peut être la défense de l’environnement. La protection peut devenir une alliée active pour les personnes ciblées par la haine et les préjugés.


La vision signifie porter la lampe du Dharma.

Cela signifie défendre la vérité – quoi qu’il advienne :

« La haine ne cesse jamais par la haine, mais par l’amour seul se guérit. »

« La cupidité, la haine et l’ignorance créent la souffrance. La générosité, l’amour et la sagesse apportent le bonheur. »

« L’esprit est le précurseur. Parle et agis avec un esprit pur et le bonheur suivra."

« Plantez des graines de bonté, et le bien-être poussera. »

 

L’heure du changement a sonné.

Nous devons écouter profondément, témoigner, honorer chacun et choisir nos actions avec sagesse et courage.

Ne vous inquiétez pas si la bonne action n’apparaît pas toujours clairement pour vous.

Attendez dans l’ignorance avec pleine conscience, et faites confiance à votre cœur.

Bientôt, vous saurez où vous devez vous lever.

Je vous y retrouverai.


[1] Maha Ghosananda (1913-2007) était un moine bouddhiste cambodgien hautement vénéré de la tradition theravada, qui a été patriarche du bouddhisme cambodgien pendant la période des Khmers rouges et la période de transition postcommuniste de l’histoire du Cambodge.

[2] Sri Lankabhimanya Ahangamage Tudor Ariyaratne est le fondateur et président du mouvement Sarvodaya Shramadana au Sri Lanka, un mouvement d’autonomie gouvernementale qui propose des programmes complets de développement et de résolution des conflits au sein des villages.


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°11 (Automne 2019)

 



Né en 1945, titulaire d’un doctorat de psychologie clinique de l’université de Dartmouth, fondateur de l’Insight Meditation Society et du centre bouddhique de Spirit Rock en Californie où il enseigne et vit, Jack Kornfield est considéré comme l’un des plus grand enseignants bouddhistes occidentaux.

 

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