Un jour, après zazen, un moine demanda à maître Yakusan : « Quand vous êtes assis comme une montagne immobile, comment pensez-vous ? » – Je pense à partir de la non-pensée, répondit le maître. – Mais comment pense-t-on à partir de la non-pensée ? – Hishiryo ! Au-delà de la pensée. »
Par l’immobilité du corps et le « rien faire » du mental, la conscience hishiryo apparaît. Ainsi, pendant zazen nous pouvons faire directement l’expérience de ce qui ne peut être appréhendé par la pensée. Les graines de l’inconscient se manifestent comme des bulles qui remontent à la surface et disparaissent sans laisser de traces. En laissant passer les pensées et en cessant de choisir et de rejeter quoi que ce soit, la conscience hishiryo se manifeste. Elle est inqualifiable, car au-delà de la pensée. Laisser passer les pensées ne réduit pas le champ de la conscience, mais réalise l’esprit vaste. Le passé et le présent sont alors transcendés.
Hishiryo peut aussi se traduire par « conscience originelle et universelle d’avant la pensée ». À partir de hishiryo, la vie et le monde sont observés sans séparation entre soi, Dieu ou Bouddha. Un maître a écrit : « Le sage n’a pas de moi ni de non-moi, mais il est l’univers et l’univers est lui. » Ainsi, hishiryo est la conscience au-delà du moi et de notre vision limitée du monde, la vraie liberté, la sagesse.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°5 (Hiver 2018)