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Nonne bouddhiste et conseillère municipale : une évidence


Les temps changent… et invitent à l’action

 

« Les temps changent… » Un tel incipit – dans un magazine bouddhiste qui plus est – ne nous étonnera pas. Mais, quand une idée commence à s’inscrire dans le réel, au cœur des choses, quand un concept devient concret, nous sommes souvent poussés à agir, bon gré mal gré.

Pour moi, tout a commencé avec la prise de conscience, plutôt brutale et inattendue, de l’état de la Terre et par l’effondrement subséquent de mon « futur ». Jusque-là, je pensais que mon avenir serait peu ou prou comme celui de mes parents, avec de merveilleuses évolutions technologiques en sus. Je me voyais dans des cabines de téléportation d’un endroit à l’autre de la terre : et hop ! Dans un temple japonais ! Et hop ! Au cœur de la jungle avec les moines de la forêt ! Et hop ! une petite incursion en Amazonie chez les peuples-racines… Quelles aventures en perspective.

Mais les lectures, conférences, Greta Thunberg, Pablo Servigne, Jancovici, Philippe Bihouix et consorts ont eu tôt fait de passer la douche froide : un avenir sans énergies fossiles sera sans aucun doute très différent de ce qu’on avait pu imaginer. Ces individus, que j’aurais tant aimé ignorer (méthode tête dans le sable), nous dessinent un monde, appuyé par des modèles prédictifs scientifiques extrêmement précis, où le quotidien ressemble étrangement à celui de nos ancêtres. Pas de voyages d’un bout à l’autre de la planète, mais des journées de labours. Pas de coup de fil en 3D mais des cultures potagères de proximité. Pas de magasins connectés mais 70 % de la population dans les champs : une réorganisation du monde pour la simple survie, adaptée aux changements climatiques et à la fin programmée des énergies fossiles.

 

 

Un nouveau paradigme, en mode « local »

 

Mon but n’est pas de vous convaincre, les personnes précitées ont des argumentaires ciselés, mais d’expliquer pourquoi une nonne bouddhiste s’est un jour présentée aux élections municipales de son village (Weiterswiller, Alsace). Dans les imaginaires du futur que déploient de nombreux climatologues, sociologues ou experts en énergie, l’accent est mis sur le local. Faute de moyens de déplacement (avec par exemple un pétrole devenu hors de prix et des batteries au lithium en rupture de stock), les denrées alimentaires devront provenir des alentours. Et cette construction d’une démocratie locale, ce retour à l’entraide villageoise, ce développement des jardins partagés et compostages collectifs doit selon moi s’apprendre dès à présent.

 

 

Apprendre à aimer la diversité

 

La Covid nous a montré si besoin la fragilité de nos vies. Renouer, au cœur des villes et des villages, avec l’action commune est l’une des clés de notre futur. C’est avec cette conviction que j’ai rejoint la petite équipe municipale (et aussi car il n’y avait qu’une liste et que j’étais donc sûre d’être élue, mais chut ! 😉). Depuis un an, j’ai pris en charge différents dossiers : bien-être des chats errants, création d’une zone de biodiversité, création d’un verger, etc. La Ferme Kibo et le temple zen Ryumonji s’impliquent également pour apprendre à travailler ensemble, avec tous les habitants, dans un esprit de solidarité.

Les points de vue, les visions du monde sont très divers, mais le spectre d’un futur potentiellement difficile nous invite à passer outre et à avancer ensemble. Un beau challenge au cœur des valeurs bouddhistes !

 

 

PS : après de nombreuses années de collaboration, je fais une pause. Merci à Sagesses Bouddhistes LE MAG d’avoir accueilli ma prose. Si vous voulez venir nous rejoindre cet été, voici le site de la Ferme Kibo : www.kibo-zen.org

  


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°18 ( Eté 2021 )

 

 

Kankyo Tannier est nonne de la tradition zen Sôtô et auteure du blog www.dailyzen.fr. Elle pratique depuis une quinzaine d’années dans un monastère en Alsace.

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