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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

MEMENTO MORI*

Dernière mise à jour : 3 oct. 2023


Vanité. Le Mans, musée de Tessé/photo © RMN-Grand Palais/Agence Bulloz.

*Memento mori, en latin, « souviens-toi que tu vas mourir ».


Quels que soient les époques et les lieux, l’art passe son temps à nous ramener au réel. Sous forme de peintures classiques ou contemporaines, de street-art ou d’installations, les artistes ne nous laissent aucune chance de nous défiler. Comme le dit Picasso : « L'art est ce mensonge qui fait saisir la vérité.[1] »


Sur les vanités[2] du XVIIe siècle par exemple, la mort s’inscrit sur toutes les toiles. Tout est symbole de son inéluctable passage : un sablier renversé, un crâne nu, une tulipe à l’éclosion éphémère. Chaque détail, végétal, animal ou minéral, invite à reconnaître l’état d’inconstance et de fuite de tous les phénomènes vivants.

Sur cette œuvre de Philippe de Champaigne, le crâne agit même en miroir. Le regardant est regardé. L’ossement place le spectateur en situation d’identification forcée. Comme un autoportrait universel, celui qui contemple la toile voit le visage qui, un jour ou l’autre, sera le sien. Le vrai sujet n’est alors plus celui des objets peints mais bien la conscience de celui qui observe.

Pour nous faire saisir l’obsolescence programmée de toutes choses, les traditions méditatives ne manquent pas, elles non plus, de moyens. Aux réflexions sur la mort et l’impermanence préalablement évoquées, s’ajoutent de nombreuses pratiques ...



[1] Ces mots de Picasso sont cités par Florent Fels dans « Propos d’artistes », Bulletin de la vie artistique, juin 1923. [2] Les vanités sont des représentations allégoriques de la mort, du passage du temps, de la vacuité des biens matériels et des pouvoirs. Devenu autonome et dominant dans la peinture du 17ie siècle, ce genre est une expression artistique de la formule memento mori.



Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°25 (Printemps 2023)

Adapté de : Méditer à travers l’Art ©Albin Michel 2021

 

Après des études d’histoire de l’art, de littérature et de cinéma, Soizic Michelot passe sept ans dans un monastère bouddhiste dont trois ans en retraite traditionnelle. Également formée aux approches laïques de pleine conscience, elle enseigne aujourd’hui la méditation à la faculté, en secteur hospitalier et auprès du grand public.




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