Les bases du bouddhisme expliquées*
Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
Le Bouddha a enseigné que tous les phénomènes, y compris les pensées, les émotions et les expériences, ont trois caractéristiques, ou « trois caractéristiques de l’existence » : l’impermanence (anicca), la souffrance ou l’insatisfaction (dukkha) et le non-soi (anatta). Ces trois caractéristiques s’appliquent à toutes les choses conditionnées, c’est-à-dire tout sauf le nirvana. Selon le Bouddha, il est essentiel de comprendre et de mesurer pleinement l’importance des trois caractéristiques de l’existence pour réaliser l’éveil (c’est un schéma qui est admis dans les traditions Theravada et Mahayana, mais sur lequel on insiste plus dans la première).
Tout change, a enseigné le Bouddha. Cela peut sembler évident, mais la plupart du temps nous nous comportons vis-à-vis des choses comme si leur existence était permanente. Ainsi, lorsque nous perdons des choses dont nous pensons ne pas pouvoir nous passer ou que nous recevons de mauvaises nouvelles, qui d’après nous vont ruiner notre vie, nous éprouvons un stress important. Rien n’est permanent, y compris notre vie.
Dukkha — la souffrance ou l’insatisfaction — est l’une des idées les plus incomprises du bouddhisme. La vie est dukkha, a dit le Bouddha, mais il ne voulait pas dire que tout cela n’est que malheur et déception. Il voulait plutôt dire qu’à la fin, elle ne peut pas donner satisfaction. Même lorsque les choses sont satisfaisantes — un moment agréable avec des amis, un repas merveilleux, une nouvelle voiture — la satisfaction ne dure pas parce que toutes les choses sont impermanentes.
Anatta — le non-soi, la non-essentialité ou l’égocentrisme — est encore plus difficile à appréhender. Le Bouddha a enseigné qu’il n’y a pas de soi immuable, existant en permanence, qui habite notre corps. En d’autres termes, nous n’avons pas d’identité fixe et absolue. L’expérience du « je » continuant à travers la vie comme un être séparé et singulier est une illusion, a-t-il dit. Ce que nous appelons le « moi » est une construction de processus physiques, mentaux et sensoriels qui sont interdépendants et en constante évolution.
C’est l’illusion d’un moi séparé et permanent qui nous enchaîne à la souffrance et à l’insatisfaction, a dit le Bouddha. Nous consacrons la majeure partie de notre énergie à protéger le moi, à essayer de le satisfaire et à nous accrocher à des choses impermanentes dont nous pensons qu’elles le valoriseront. Mais la croyance en un soi séparé et permanent conduit au désir qui, selon les quatre nobles vérités, est la source de notre souffrance.
Les enseignements du Bouddha, en particulier la pratique de l’octuple sentier, fournissent le remède pour guérir nos illusions afin que nous devenions moins égocentriques et moins attachés aux choses impermanentes. En étudiant la vérité des trois caractéristiques de l’existence, nous développons des facteurs d’illumination tels que l’équanimité — la capacité de ne pas être ballotté par nos attirances et nos aversions — et la sérénité.
(*) Extrait de Buddhism for Beginners, Tricycle.org
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°17 ( Printemps 2021 )