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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Le yoga tibétain Kum Nyé

Entretien avec Sandy Hinzelin

Propos recueillis par Philippe Judenne

 


C’est à partir du viiie siècle que les connaissances de l’Inde (dont les théories de la médecine ayurvédique) ont été peu à peu introduites, adaptées, assimilées et transmises jusqu’à nos jours par la culture tibétaine. La relaxation Kum Nyé s’est développée conjointement avec d’autres pratiques médicales comme une manière de soigner le corps. Elle utilise des techniques de respiration, d’automassage, des postures spécifiques et des mouvements pour équilibrer les humeurs et libérer les blocages de l’énergie à tous les niveaux de l’être. Par sa capacité à prendre soin du corps et à calmer l’esprit et les émotions, Kum Nyé était aussi utilisée par les pratiquants bouddhistes comme un préliminaire à la méditation et à d’autres pratiques yogiques avancées. De nos jours, elle peut être pratiquée de manière très douce, à tout âge, sans aucune prédisposition physique requise, et s’établir dans une pratique débutante d’un mieux-être et plus si affinités…

 

Dans les années 1970, Tarthang Tulku, qui avait eu un père lama et médecin, a donné formellement les premières instructions de la relaxation Kum Nyé à ses étudiants américains. Pourquoi ?

Lorsque Tarthang Tulku a commencé à enseigner en Californie, ses étudiants manifestaient beaucoup d’intérêt pour la spiritualité et s’interrogeaient sur la méditation, le karma, la conscience, la présence, la réincarnation… Il lui a alors semblé que ses étudiants ne savaient pas se relier à leur propre corps, ce qui rendait difficile la compréhension intime des enseignements où nous découvrons l’état naturel vivant et fluide du corps, de l’esprit et de l’énergie. Tarthang Tulku a introduit Kum Nyé pour permettre de travailler avec le corps, et favoriser ainsi le discernement de l’état naturel et de la pratique méditative.

 

Kum Nyé peut être pratiquée de manière très douce, à tout âge, sans prédisposition physique ?

La plupart des exercices ne sont pas très difficiles physiquement. Il n’est pas nécessaire d’être absolument souple ou d’être un athlète. De plus, même si certains mouvements ne peuvent pas être effectués, il est toujours possible de « faire quelque chose » puisque l’essentiel de la pratique est de ressentir ce qui se passe en nous. La posture physique est plus un prétexte pour approfondir notre perception qu’une fin en soi.  

 

Comment s’entraîner au contact des sensations ? Quel est le progrès ?

La priorité dans Kum Nyé est d’enrichir notre expérience par les ressentis. En effet, ce qui caractérise l’état ordinaire de la conscience est d’être presque exclusivement dans le mental, et la majorité de nos problèmes viennent de là. Or quand on observe bien, une telle attitude traduit un manque de richesse au niveau de l’expérience intérieure. Donc si nous souhaitons une certaine pacification mentale qui soit naturelle, sans effort, il est nécessaire de cultiver les sensations et les ressentis. Lorsqu’un minimum est déjà mis en place, il sera ensuite possible de travailler plus finement avec la respiration et d’approfondir d’autres aspects de l’expérience.

 

Quelle régularité faut-il adopter pour la pratique ?

Une pratique quotidienne est à privilégier. Nous prenons soin de notre corps extérieurement de manière très régulière et de différentes façons, il serait bénéfique de prendre soin également aussi souvent que possible de notre « corps interne ». Au début, comme nous ne savons pas toujours ce que la pratique peut nous apporter, nous manquons de motivation – et nous avons tellement d’occupations différentes qui prennent déjà tellement de temps ! (Une excuse assez classique.) Mais pratique régulière ne veut pas nécessairement dire se poser 1 ou 2 h chaque jour : même un petit exercice de respiration ou un mouvement qui nous plaît au quotidien peut déjà contribuer à des changements très palpables.

S’imposer une durée de pratique peut générer davantage de tensions au sein de l’esprit, et en même temps une certaine discipline est nécessaire aussi. L’idéal est d’au moins garder un lien au quotidien, et la pratique évolue et se met en place de façon naturelle. Comme pour tout apprentissage, les résultats ne seront pas les mêmes si nous pouvons y consacrer plus de temps. C’est un constat. Mais c’est à chacun de trouver son équilibre et d’agir au mieux en fonction de ce qui est présent. Quand on voit la différence apportée par la pratique, il devient facile de l’intensifier et d’être régulier pour découvrir davantage les trésors de l’esprit.

 


Généralement on présente Kum Nyé comme une pratique progressive sur trois niveaux. Pourquoi ?

Au début, la pratique permet surtout de drainer les fatigues, d’évacuer le stress, de retrouver une certaine vitalité corporelle et de se reconnecter au corps. C’est le premier niveau de relaxation, la pacification. À ce stade, il est déjà possible d’expérimenter un calme profond et une joie intérieure.

Ensuite, il est possible d’approfondir la pratique en s’intéressant davantage à nos blocages. Les structures mentales répétitives et émotions qui nous enferment se manifestent au niveau du corps. Les exercices proposés permettent d’en prendre conscience et de dégeler ce qui nous maintient dans la dualité.  C’est le deuxième niveau de relaxation, la transformation. Plus on libère, plus on se sent léger et confiant.

Lorsqu’un certain travail a déjà été fait sur les résidus de notre conditionnement, il est possible de commencer à ressentir ce que l’on entend par présence, et de bonnes bases sont alors en place pour avancer sur le chemin spirituel. Notre potentiel peut s’exprimer, c’est le troisième niveau de relaxation.

 

Décrivez-nous une ou deux pratiques.

Comme il existe de nombreuses pratiques dans Kum Nyé et qu’elles répondent à une certaine logique, je vous propose plutôt de montrer en quoi ce yoga est à la fois traditionnel et moderne.

Son aspect traditionnel se manifeste d’une part par les textes auxquels ce yoga se rattache, mais on le remarque aussi de façon très claire avec certains exercices que l’on retrouve dans d’autres yogas (comme la purification du souffle dans les trois canaux – exercice 13) et les instructions données pour accompagner l’exercice physique.

Kum Nyé offre par ailleurs une approche très moderne, expliquée avec des mots simples, sans jargon spécialisé, ce qui rend la pratique accessible. L’exploration de l’expérience, rien d’autre. Il est même parfois étonnant de constater comment des mots très simples peuvent nous emmener si rapidement dans d’autres espaces de soi.

Les personnes connaissant la philosophie bouddhique ou la méditation traditionnelle verront probablement leur compréhension s’enrichir avec ce regard nouveau, qui en fait dit la même chose, ou en tout cas va clairement dans la même direction.

 

Vous dites qu’une même séance de Kum Nyé peut être suivie par des débutants aussi bien que par des gens déjà bien entraînés et que chacun peut faire une pratique pleine et entière. Pouvez-vous nous décrire comment cela se passe pour chacun d’entre eux ?

Je vais prendre deux extrêmes pour schématiser. Imaginons une personne qui n’a aucune conscience corporelle, et une autre qui a déjà une perception assez fine de ce qui s’élève au sein de son paysage intérieur. Un exercice physique est proposé, qui je le rappelle n’est généralement pas compliqué « techniquement ». Cet exercice contribuera dans les deux cas à affiner le regard intérieur – par exemple prendre conscience de la respiration ou de son propre corps d’un côté, et travailler sur des aspects plus subtils de l’autre. Bien sûr quand il s’agit d’instructions plus avancées notamment au niveau de la méditation, la compréhension ne sera probablement pas la même, le temps de maturité sera différent.

 

On se lève parfois du lit le matin avec une gêne physique ou un poids au milieu de la poitrine. Contacter les endroits qui bloquent dans le corps avec les sensations semble donc possible. Mais ensuite, comment faire avec la sensation d’un serrement au milieu de la poitrine, comment rester sur le contact et dissoudre éventuellement les blocages ?

C’est une question à laquelle il est possible de donner seulement quelques pistes de réponse. Dans le cadre de Kum Nyé, on ne se focalise pas tout de suite sur les blocages. Un minimum de compréhension des mécanismes corps-esprit est requis pour être capable de les dissoudre, ce qui peut demander un certain temps en fonction des personnes. En tout cas la base à cultiver est l’union de l’attention, des ressentis et de la respiration, dans une ambiance bienveillante et sans jugement. Cette base est nécessaire pour être à l’aise dans tout ce que nous rencontrons, agréable ou désagréable. Plus on se familiarise avec le langage du corps, plus il devient facile de savoir comment être dans chaque situation.


« Kum Nyé fait découvrir des blocages de l’énergie à tous les niveaux de l’incarnation », disait Tarthang Tulku. Comment décrire le processus d’apparition d’un blocage et son processus de dissolution par Kum Nyé ? À quel référentiel théorique fait-on appel ?

Si nous sommes capables de réfléchir aux expériences passées qui ont façonné le cours de nos vies, nous n’avons pas idée du point auquel ces années d’expériences, d’adaptation ont affecté les aspects internes de notre corps (nos sens, nos nerfs, nos organes et systèmes circulatoires), et peut-être même les manières dont notre esprit fonctionne. Nous négligeons souvent notre corps et le maltraitons par la frustration et les soucis. Il souffre de traumatismes non résolus, cachés dans le passé, et porte les traces de l’agitation et de la colère, des idées bien arrêtées et des tendances à agir de façon irréfléchie. Le corps est bloqué par des nœuds de tension qui coupent le flux des ressentis.

Quand il est question de blocages dans Kum Nyé, on fait surtout référence aux blocages énergétiques, aux différentes configurations ou structures qui sous-tendent notre façon d’être. Le référentiel théorique pour aborder ces blocages fait plutôt appel à l’architecture subtile du corps : où la façon dont nous expérimentons l’esprit lui‐même est liée au souffle (loung en tibétain). Dans d’autres cultures, principalement orientales, le loung est appelé prana (sanskrit), qi, t’chi (chinois). Ainsi, la capacité de l’esprit à être ouvert-et-clair ou agité-et-confus dépend du souffle.

La respiration physique ordinaire est utilisée dans Kum Nyé comme moyen pour amener l’attention à se libérer de la fascination exercée par les contenus des pensées. Elle permet d’entrer directement en contact avec la structure même des ressentis, des sensations et des pensées qui nous perturbent. Kum Nyé invite le pratiquant à ne plus se focaliser sur les situations, les interactions ou les aspirations problématiques mais à se connecter à leur structure sous‐jacente.  Kum Nyé nous encourage à toucher les endroits les plus sensibles et à embrasser ces forts ressentis sans peur. En pratiquant ses exercices, nous pouvons nettoyer les résidus douloureux du regret, et transformer la colère et le ressentiment en expressions positives.

 

Est-il « utile » de savoir à quoi correspond émotionnellement la sensation d’un creux au milieu du plexus solaire ? Par exemple dans une situation rencontrée, une sensation corporelle est mise en conscience avec une émotion ou une tendance dans l’esprit : la corrélation se fait-elle à une vitesse organique, comme une eau troublée qui se décante lentement, ou bien à la vitesse rapide d’une intuition ? Quelle est votre expérience de cela ?

Lors de la pratique de Kum Nyé, nous ne cherchons pas à analyser pourquoi telle ou telle chose est ressentie. L’objectif est surtout d’apprendre le langage du corps. Il est tout à fait possible de fluidifier certains aspects de notre incarnation sans savoir « ce qu’il y a derrière ». Aller dans cette direction peut même être parfois contre-productif puisque l’analyse peut empêcher le processus de libération.

Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas utile dans certains cas ! Je veux simplement dire ici que ce n’est pas le propos dans le cadre de Kum Nyé. Par contre il est possible, après avoir installé les fondamentaux de la pratique, de se remémorer un événement douloureux ou une émotion qui nous déstabilise, et de travailler avec pour retrouver l’apaisement et la joie.

En ce qui me concerne, j’ai expérimenté les différents cas de figure que vous citez – parfois je sais (spontanément ou après quelque temps), parfois je ne sais pas.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut essayer Kum Nyé ou d’autres pratiques psycho-physiques ?

Je dis souvent que le corps est une porte d’entrée royale pour avoir une vie plus satisfaisante à tous les niveaux. Au début je pratiquais uniquement la méditation assise, et passer par le corps m’a vraiment permis de découvrir des accès plus rapides et d’aller plus profondément.

Donc j’ai tendance à encourager les gens à trouver une pratique corporelle qui leur correspond. Même si personnellement c’est la pratique de Kum Nyé qui me convient le plus, cela ne veut pas dire qu’elle conviendra à tout le monde. Il existe de nombreuses pratiques qui ont beaucoup de valeur. Le plus important selon moi est d’expérimenter ce qui nous attire, et d’observer si ce que nous faisons nous permet de grandir intérieurement. Est-ce qu’il y a des fruits tangibles ? Bien sûr il est nécessaire d’avoir un minimum de pratique régulière et d’être bien guidé.


Aujourd’hui les pratiques ne manquent pas, donc une autre question pourrait être comment choisir. On ne peut pas tout expérimenter, et il est sans doute préférable de ne pas s’éparpiller. En ce qui me concerne, je regarde de quelle transmission il s’agit (« qui a reçu quoi de qui »), et aussi je regarde si la pratique s’inscrit dans une perspective spirituelle claire. Si on a vécu des traumas ou des expériences très difficiles, d’autres formes de pratiques, disons « non spirituelles », peuvent être aussi très bénéfiques. 


Au début c’est peut-être un peu la jungle si tout cela est un peu nouveau. Expérimentation et discernement me semblent être des mots clés.

 


Énergie de Lumière... Énergie Légère

Effectuez l’exercice suivant très doucement en cas de grossesse ou si vous avez des problèmes de cou ou de dos et également si vous avez subi une opération chirurgicale récemment (trois ou quatre mois).

Asseyez-vous en tailleur directement sur le sol (pas sur un tapis de sol ou un coussin), en faisant passer la jambe gauche devant la droite. Levez le genou gauche et amenez le talon gauche devant la cheville droite, en gardant la plante du pied gauche sur le sol.

Croisez les doigts et saisissez votre genou gauche avec les mains.

Inclinez graduellement la colonne vertébrale et le cou vers l’arrière.

Ne laissez pas la tête tomber complètement en arrière : la courbure de la colonne doit être pleine de grâce et non exagérée.

Tirez sur le genou pour renforcer la flexion. Tâchez de garder le genou droit au sol si possible. Létirement ne doit pas être excessif. Tenez la position de trois à cinq minutes en effectuant une respiration régulière et douce par le nez et la bouche.

Concentrez-vous légèrement sur lénergie qui circule dans votre colonne vertébrale.

Lorsque vous aurez une sensation de chaleur dans la nuque, relâchez très lentement la tension. Prenez au moins une minute pour redresser la colonne vertébrale en amplifiant les sensations de chaleur et dénergie.

Effectuez lexercice trois fois sur un côté, puis inversez la position des jambes pour refaire l’exercice trois fois sur l’autre côté.

Pour conclure l’exercice, restez immobile dix minutes pour permettre aux sensations stimulées par le mouvement de rayonner comme un halo.

Cet exercice relâche les tensions dans la colonne vertébrale.


La Purification du Souffle

Il est préférable de faire cet exercice le matin au lever bien quon puisse le faire aussi à d’autres moments de la journée. On l’utilise traditionnellement pour débarrasser le système des impuretés qui s’accumulent pendant la nuit et renouveler les énergies corporelles pour se préparer à la journée nouvelle.

Quand vous ferez cet exercice, imaginez que vous expulsez par la narine gauche toutes les attitudes que vous adoptez pour repousser les choses loin de vous, telles que l’aversion, l’insatisfaction et la peur. Imaginez que vous vous débarrassez par la narine droite de toutes les attitudes et émotions qui font que vous vous attachez aux choses, c’est-à-dire le désir, l’attachement et la colère ; et enfin, représentez-vous que des deux narines à la fois sortent la confusion et l’opacité de votre esprit ordinaire.

 

1 - En position assise et jambes croisées, placez la main droite dans la position indiquée sur le dessin, en tenant le pouce sous les doigts repliés, l’index restant seul tendu. Reposez la main gauche sur le genou gauche. Inspirez très profondément en prenant autant d’air que possible, emplissez à fond l’abdomen et la poitrine, y compris les espaces entre les côtes du sommet de la cage thoracique. Imaginez que votre souffle va remplir chaque cellule de votre corps.

 

Placez ensuite la seconde phalange de l’index droit contre la narine droite et fermez-la bien. Fermez la bouche et expirez par la narine gauche aussi profondément que possible, en vidant tout l’air inspiré. Continuez à expirer jusqu’à ce que votre estomac commence à frémir. Restez enfin au repos en respirant normalement par les deux narines.

Faites l’exercice trois fois en tout.

 

2 - Faites maintenant la même chose du côté droit, en obstruant la narine gauche avec lindex gauche. Faites une courte pause entre deux expirs.

 

3 - Pour finir expirez trois fois par les deux narines aussi pleinement que possible. Même si vous pensez que vous n’avez plus d’air dans les poumons, essayez d’en faire sortir encore un peu. Ensuite restez assis quelques minutes en respirant normalement et appréciez les sensations que vous ressentez dans votre corps.

 

Vous pouvez visualiser les impuretés sortant de votre corps comme un courant d’un blanc sale sécoulant par la narine gauche, un courant dun rouge foncé sécoulant par la narine droite et un courant dun bleu profond s’écoulant par les deux narines.



Pour en savoir plus :

Tarthang Tulku, Le Yoga tibétain Kum Nye, massages et postures (plus de 100 exercices proposés) Éditions Trédaniel, 2002, 2018.

Tarthang Tulku, La Joie d’être, Pratiques avancées du yoga tibétain de Kum Nye pour la relaxation, l’intégration et la concentration (plus de 100 exercices proposés regroupés en 6 groupes), Éditions Trédaniel, 2018.

Tarthang Tulku, Kum Nye dancing (titre anglais), à paraître chez Trédaniel.

 

www.yogatibetain.com (site de l’association Kum Nyé France)

www.etre-un-bouddha.com (site de Sandy Hinzelin où des cours en ligne sont proposés)

www.academy.dharmapublishing.com (fondé par Tarthang Tulku, cours en ligne en anglais)


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°17 ( Printemps 2021 )

 



Nous avons pris contact avec Sandy Hinzelin, instructrice de Kum Nyé et par ailleurs docteure en philosophie et chercheuse associée au PHIER (Université Clermont Auvergne). Elle a écrit Tous les êtres sont des Bouddhas (Sully 2018), Les douze lois du karma (Jouvence 2021, avec Anaka) et œuvre à la traduction des ouvrages de Tarthang Tulku."

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