Des réponses aux questions actuelles
Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim
Si vous avez commencé à pratiquer la méditation et que vous vous sentez frustré parce que vous ne pouvez pas vous arrêter de penser pendant que vous méditez, détendez-vous. La méditation bouddhiste n’a pas pour but d’arrêter les pensées ou les émotions.
Les humains ne peuvent pas plus arrêter délibérément de penser qu’ils ne peuvent arrêter de digérer. Mais cela ne doit pas nécessairement être un problème. Penser, c’est simplement ce que fait l’esprit ; le seul problème, c’est quand nous nous laissons prendre par les pensées et que nous y réagissons automatiquement, sans considération. Accepter cela est plus facile à dire qu’à faire, bien sûr. En général, l’une des premières choses que nous remarquons lorsque nous commençons à méditer, c’est à quel point notre tête est agitée. Nous découvrons l’« esprit de singe » et combien il est difficile de rester concentré, ne serait-ce que l’espace de quelques secondes, tandis que les pensées se meuvent de façon incontrôlée dans notre tête comme des singes sauvages. Même si nous ne pouvons pas arrêter les pensées, nous pouvons cependant renforcer notre concentration et stabiliser l’esprit afin de ne pas succomber à chaque pensée qui se manifeste.
Dans toutes les écoles contemplatives du bouddhisme, il est conseillé aux débutants d’observer les pensées qui apparaissent et qui disparaissent. Dans ses premiers enseignements, le Bouddha conseillait à ses disciples d’être particulièrement vigilants à l’égard des pensées qui donnent naissance aux trois poisons que sont la cupidité, la haine et l’illusion. « Reconnaissez ces pensées comme étant mal avisées et ne vous y attardez pas », disait-il. Avec le temps, ces pensées perdent leur emprise et s’estompent. Inversement, le Bouddha a conseillé à ses disciples de cultiver des pensées avisées qui donnent naissance à la générosité, à la compassion, à la sagesse, et toute autre pensée avisée lorsqu’elle se manifeste.
Les enseignants du bouddhisme zen et tibétain ont comparé l’esprit à un miroir. Tout comme les reflets ne laissent aucune trace sur un miroir, nos pensées et nos émotions sont des reflets qui ne laissent aucune trace permanente sur l’esprit. Une autre métaphore compare l’esprit au ciel vaste et ouvert, et les pensées et les émotions aux nuages qui passent. Ce qui est important, c’est de laisser les pensées et les émotions naître et s’estomper sans les identifier comme étant du « soi ». Avec le temps, nous expérimentons les pensées comme étant des sensations passagères, tout comme nous pourrions ressentir la chaleur du soleil ou une brise fraîche.
Issu de tricyle.com.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°14 ( été 2020 )