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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

La liberté du cœur

Les Trois caractéristiques de l'existence

Par Ajahn Amaro


Le Bouddha nous a donné l’outil des Trois Caractéristiques de l’existence pour nous aider à étudier la nature de l’expérience et, à son tour, à renforcer cette lucidité et cette stabilité de conscience et de sagesse. Ces trois caractéristiques sont l’impermanence (anicca), l’insatisfaction (dukkha) et le non-soi (anatta). Tous nos schémas d’expérience possèdent ces trois qualités. En les utilisant comme outils pour explorer nos attitudes, présomptions, attachements et conditionnements, nous pouvons découvrir où l’esprit cherche habituellement (en vain) la permanence, la certitude, le bonheur et le « vrai moi ». La méditation de la vision pénétrante, vipassana, est le processus de cette révélation et de la liberté du cœur qui en résulte.

©Margaret Jaszowska


ANICCA Anicca exprime la qualité du changement, le caractère transitoire dans le domaine objectif et le caractère incertain dans le domaine subjectif des choses. Lorsque le cœur éprouve des changements dans le champ de perception, il ne sait pas en quoi l’objet va se transformer, il ressent donc de l’incertitude.

Lorsque la méditation est bien développée, l’attention devient plus stable et peut se fixer aisément dans l’instant présent. À partir de ce point de repos, nous pouvons utiliser les trois caractéristiques comme réflexions pour examiner la nature même de l’expérience, pour voir comment fonctionne l’esprit.

Afin de développer cette perspective, pendant la méditation, nous laissons le souffle, les sensations du corps, les sons que nous entendons autour de nous, les sensations dans nos pieds lorsque nous marchons… laissez-les faire partie d’un flux continu d’expérience. Qu’ils soient simplement des modèles de perception qui apparaissent et disparaissent et maintiennent la qualité de la conscience ouverte, en étant attentif aux modèles de changement, aux perceptions au fur et à mesure qu’elles apparaissent et disparaissent à chaque instant. Il y a un abandon conscient de l’intérêt pour le contenu de l’expérience afin d’apprécier pleinement le processus de l’expérience.

Dans cette manière de développer la pratique de la méditation, le cœur incarne cette qualité de conscience éveillée. Essentiellement, c’est être « Bouddha », être éveillé. Et ce que cette conscience éveillée connaît, c’est le Dhamma, c’est-à-dire les modèles de la nature au fur et à mesure qu’ils apparaissent et disparaissent. Lorsque l’esprit éveillé voit comment sont les choses, ce qui survient est une action harmonieuse, l’inclination du cœur vers ce qui est noble et sain.

Si l’esprit est assez concentré, assez conscient et prête facilement attention au moment présent, alors nous pouvons utiliser cette réflexion sur anicca pour faciliter cette qualité de conscience ouverte, d’attention ouverte. Par exemple, si nous faisons un effort pour être conscient du flux de l’expérience et qu’ensuite l’attention est attirée par une douleur à la jambe ou le son d’un oiseau, nous pouvons réfléchir : « Le son de l’oiseau change » ou « la sensation dans ma jambe change ». C’est anicca. C’est le lâcher-prise de l’objet, le lâcher-prise du contenu de l’expérience et regarder à la place le processus de l’expérience. Ensuite, l’esprit est capable de lâcher l’objet auquel il est attaché et d’être simplement à nouveau conscient du flux de l’expérience.


DUKKHA Dukkhasignifie « insatisfaction », le fait qu’aucune expérience ne peut nous combler de façon permanente. Nous regardons l’expérience, la perception. Si cela change, peut-il être quelque chose de satisfaisant en permanence ? Non. Même si c’est vraiment, profondément agréable, ce plaisir doit finir par prendre fin. C’est donc dukkha. Certaines personnes, lorsqu’elles entendent que le Bouddha a enseigné que tout est non satisfaisant (« Sabbe sankhara dukkha »), pensent qu’il est très négatif. Mais le mot dukkha est très subtil. « Du- » signifie « mauvais » ou « déséquilibré ». « Akkha » est le moyeu d’une roue où passe l’essieu. L’image de dukkha est donc celle d’une roue qui tourne mal ; qui est désaxée. Même les choses qui sont heureuses sont sujettes au changement et, parce qu’elles changent, elles ne peuvent pas être complètement et définitivement satisfaisantes. Cela ne veut pas dire que certaines expériences ne sont pas délicieuses ou belles, exquises ou pures, comme un état de méditation bienheureux ou un morceau de musique de Bach. Mais le fait est qu’une expérience agréable n’est pas durable, c’est donc dukkha.


ANATTA Anatta est le principe selon lequel aucune chose vécue ne peut être vraiment considérée comme étant « qui » nous sommes et ce « que » nous sommes ; rien ne peut vraiment être possédé. Si c’est changeant et insatisfaisant, peut-on vraiment dire « qui » et ce « que » je suis ? A-t-il vraiment un propriétaire ? Non ! C’est la caractéristique la plus difficile à comprendre car les traductions dans les langues européennes l’ont souvent déformée. Anatta est souvent traduit de telle sorte qu’on dirait que le Bouddha disait que nous n’existons pas, ou que nous n’avons ni moi, ni âme. Cependant, il n’y a aucun endroit dans le canon pali où le Bouddha dit : « Il n’y a pas de soi. » L’enseignement d’anatta consiste à abandonner ce que nous considérons habituellement comme nous-même sans créer une idée de ce que pourrait être un vrai soi et s’y accrocher à la place. C’est une façon de voir comment nous nous identifions au corps, à notre personnalité, à notre histoire personnelle, à nos souvenirs, nos biens, notre réputation, toutes ces choses que nous considérons comme nous-mêmes : notre âge, notre sexe, notre nationalité, tout. Il peut y avoir le sentiment que « je » entends, « je » médite ; il y a le sens du « je » en tant que faiseur et expérimentateur. L’enseignement du Bouddha sur anatta est un moyen de mettre cela en question.

Oui, il y a de l’audition. Oui, il y a de la réflexion. Oui, il y a du souvenir. Mais « qui » connaît ces souvenirs, « qui » connaît ce son ? Y a-t-il quelque chose qui est propriétaire de ces humeurs, de ces sentiments et de ces pensées ? Lorsqu’on observe et explore cela, aucune « chose » ne peut être trouvée qui soit précisément le « faiseur », l’agent de l’expérience et de l’action. Ainsi, la réflexion sur le non-soi est un moyen de lâcher prise plutôt que de prendre une position philosophique. […]

Ces réflexions sont utiles pour abandonner le contenu de l’expérience et pour nous ouvrir au processus de l’expérience. Le Bouddha a introduit les contemplations sur anicca, dukkha, anatta et a utilisé ces trois caractéristiques comme un moyen d’explorer l’expérience. Ce sont des outils d’investigation. […]


©John Thomas

CONTEMPLATION

Lorsque nous parlons de « contemplation », nous parlons du fait d’avoir suffisamment de calme pour maintenir l’attention dans le moment présent, sans être happé par des objets particuliers.

Ajahn Chah avait l’habitude de dire que la contemplation n’a pas besoin d’impliquer des mots ou des pensées conceptuelles. Il existe plusieurs termes palis qui font référence à la contemplation. L’un est yoniso manasikara, traduit par « prêter attention à l’origine des choses », un autre, dhammavicaya, est traduit par « investigation de la réalité ». Ces deux termes sont très proches dans leur signification et représentent la capacité de l’esprit à examiner et à reconnaître des schémas. La contemplation est donc une exploration active de la manière dont les choses sont liées les unes aux autres. Elle peut impliquer une pensée conceptuelle ou non. Il s’agit davantage d’observer et d’explorer, d’avoir l’intuition de la manière dont les choses se connectent entre elles, que de calculer ou de conceptualiser.

Le mot latin contemplari signifie « dans le temple ». Aux temps des Grecs et des Romains, les experts religieux délimitaient une zone, soit dans un bâtiment, soit à l’extérieur avec des pierres sur le sol, ou une zone du ciel, et ils observaient ce qui se passait à l’intérieur du templum – les oiseaux qui allaient et venaient par exemple. C’est un mot très juste, car il représente la définition d’une zone que vous examinez et l’observation de ce qui se passe dans cet espace défini, dans cette zone d’intérêt.

Au cours de chaque journée, nous pouvons observer comment l’esprit fonctionne. Nous pouvons remarquer où il se fabrique des nœuds dans les choses que nous aimons, les choses que nous n’aimons pas, les choses que nous voulons, les choses dont nous avons peur, les choses sur lesquelles nous avons des opinions – nous pouvons contempler comment il opère.

Chaque fois que nous remarquons ce genre de tension, de stress dans le cœur, nous pouvons faire l’effort de lâcher prise du contenu de l’expérience et de reconnaître simplement : « C’est dukkha. » De cette façon, cette expérience de dukkha ouvrira la porte ; en recevant, en connaissant, en comprenant dukkha, le corps et l’esprit se détendent, l’esprit calme peut alors se concentrer, et l’esprit concentré est capable de voir avec perspicacité – et grâce à l’émergence de la perspicacité, le cœur sera libéré.

Il y a de nombreuses années, lorsque j’étais le secrétaire du monastère d’Amaravati, je travaillais aux côtés d’un moine avec lequel je ne m’entendais pas très bien au sein du bureau. J’avais vraiment des difficultés avec lui sur divers sujets. J’estimais qu’il n’agissait pas bien, qu’il faisait mal les choses. Mon esprit était polarisé sur un point : « Il ne devrait pas être ainsi ! » Bien sûr, j’essayais de ne pas être négatif envers lui car nous devions travailler ensemble tous les jours. C’était un vrai casse-tête. Au bout de six semaines, j’ai soudain réalisé : « Oh ! Mais c’est exactement ce que nous récitons dans notre chant quotidien : "L’association avec ce que l’on n’aime pas est dukkha" ! » C’est comme si une lumière s’était soudainement allumée. Incroyable ! C’est simplement l’association avec quelque chose de désagréable, et donc c’est dukkha. C’est la cause, c’est l’effet. C’est tout ! Ce n’est pas une chose personnelle. La dukkhade cette situation a été appréhendée, comprise. Cela a rendu beaucoup plus facile le fait de ne pas compliquer les choses, mais plutôt d’amener une relaxation, un lâcher-prise. Étonnamment, j’ai été capable de trouver une certaine harmonie avec la situation et il m’a été beaucoup plus facile de travailler avec lui après ça.


LE DÉVELOPPEMENT DE LA PERSPICACITÉ

Nous devons savoir par nous-même quelle est la pratique appropriée à un moment donné.

Si l’esprit est très agité et occupé, si l’attention est dispersée et court ici et là, c’est le signe que nous devons développer une qualité de concentration, une qualité d’attention plus apaisée et plus centrée. Si c’est le cas, dans la méditation assise, nous nous concentrons sur la respiration, et nous prêtons particulièrement attention à l’expiration. C’est la façon naturelle de calmer et d’apaiser l’esprit.

Si l’esprit est à la dérive parce qu’il est endormi et manque d’énergie, là encore, nous pouvons tirer profit du développement de la stabilité de l’attention sur le présent, mais nous devons développer le côté énergisant. Dans ce cas, il est utile de prêter une attention particulière à l’inspiration, car c’est la façon naturelle d’éclaircir et de dynamiser l’esprit.

Si l’esprit est tout à fait éveillé et que l’attention se fixe facilement dans la réalité présente, alors il n’est pas nécessaire de fixer l’attention sur la respiration ou sur un objet particulier. Si l’attention se repose facilement dans le présent, alors nous nous efforçons de maintenir cette qualité d’ouverture non entravée par des réflexions sur anicca, dukkha, anatta. Ce sont les outils que nous utilisons pour aider l’esprit à éviter de s’accrocher, à lâcher prise des objets des sens.

Il est utile d’apprendre à connaître l’expérience de dukkha, de remarquer quand l’esprit se crispe sur quelque chose – grossier ou fin. Quand nous entendons le chant d’un oiseau, si nous pensons que le son est beau, nous pouvons nous dire qu’entendre le même son pendant dix heures ne serait pas satisfaisant ; ce serait dukkha de manière évidente. Cependant, il est utile de se dire que le fait de savourer cette beauté, c’était dukkha dès le début mais que nous ne l’avions tout simplement pas réalisé avant d’y réfléchir.

À un niveau encore plus subtil, nous pouvons réfléchir au fait que nous ne sommes pas le propriétaire de ce chant d’oiseaux ; nous pensons être la personne qui entend, mais nous pouvons investiguer en utilisant l’outil d’anatta. Qui reçoit le son ? Faut-il qu’il y ait un « moi » qui soit l’auditeur ? S’il y a un « moi », à quoi ressemble-t-il ? Grand ou petit ? Femme ou homme ? Jeune ? Vieux ?

Il ne s’agit pas de créer une sorte de puzzle philosophique, mais plutôt d’éliminer les hypothèses que l’on fait sur la perception et l’expérience. Le but de la réflexion sur anatta est d’aider l’esprit à reconnaître qu’il y a de l’audition, mais qu’on ne peut pas vraiment dire qu’il y a un « moi » qui entend. Observez comment toute forme de fabrication du « moi » et du « mien » autour d’une perception ou d’une pensée est intrinsèquement dukkha – même avec seulement le « moi » qui entend le beau son... il y a une tension dans le cœur. Comme l’a dit le Bouddha :

« "Je suis" est une conception ; "Je suis ceci" est une conception ; "Je serai" est une conception ; "Je ne serai pas" est une conception... La conception est une maladie, la conception est une tumeur, la conception est une épine. En surmontant toutes les conceptions, ô moines, on est appelé un sage en paix. Et le sage en paix ne naît pas, ne vieillit pas, ne meurt pas ; il n’est pas ébranlé et n’est pas agité. Car il n’y a rien en lui qui puisse le faire naître. N’étant pas né, comment pourrait-il vieillir ? Sans vieillir, comment pourrait-il mourir ? Sans mourir, comment pourrait-il être ébranlé ? N’étant pas ébranlé, pourquoi serait-il agité ? » Majjhima Nikāya, 140.31 [1]

Un changement de point de vue

Lorsque nous appliquons ces réflexions sur anicca, dukkha et anatta de manière habile, cela entraîne un changement du cœur. Ce type de réflexion, de contemplation, change la façon dont le cœur connaît et reçoit le flux de l’expérience. On passe de l’expérience habituelle et familière du « moi et mien » à « voici la qualité de la conscience qui connaît le flux de la façon dont les choses sont ». Comme Ajahn Sumedho le disait souvent, c’est un changement de point de vue, un changement de paradigme, de la vision en termes de « moi et mes problèmes » à « voici le Bouddha qui voit le Dhamma ». C’est l’esprit éveillé qui sait comment les choses sont. Nous pouvons également voir cela comme un passage d’une vision centrée sur l’ego à une vision centrée sur la nature.

Lorsque nous parlons du développement de la méditation vipassana, nous parlons de l’emploi actif des réflexions sur anicca, dukkha et anatta. Mais il est important de comprendre que l’aspect le plus important de vipassana est ce changement du cœur qui survient à la suite de l’application de cet ensemble de réflexions, de cette méthode. Nous pouvons rester assis pendant de nombreuses heures à réfléchir sur anicca, dukkha, anatta encore et encore. Mais l’important, c’est le changement du cœur qui se produit lorsqu’on reconnaît : « Oh, ce n’est pas vraiment moi. L’esprit n’a pas besoin d’être lié, d’être limité par ce sentiment, cette pensée, ce désir, cette peur. Oh ! » Dans ce « Oh », il y a une grande liberté. C’est le but de la pratique.

De même que le but de la préparation et de la cuisson d’un repas est de le manger et de se nourrir. Si nous nous concentrons uniquement sur la préparation et la cuisson mais que nous ne mangeons pas ce que nous avons cuisiné, nous avons peut-être fait un bon travail mais il ne sert pas le but pour lequel il est destiné. Il ne remplit pas son véritable rôle.

Pour utiliser une autre analogie : si vous êtes malade, vous allez chez le médecin. Le médecin vous prescrit des médicaments. Vous allez les chercher. Vous les prenez. C’est ce qu’on appelle « appliquer la méthode ». Ensuite, il y a l’état de santé qui survient lorsque le médicament commence à agir et vous guérit de la maladie. L’« état de santé » est la raison pour laquelle vous allez chez le médecin et prenez le médicament. Il est important non seulement d’appliquer la méthode de vipassana, mais aussi d’expérimenter consciemment les résultats.

Une dernière remarque sur le développement de l’intuition : il se peut que nous pensions faire l’effort de pratiquer vipassana, de contempler la nature de l’expérience avec une conscience ouverte et impartiale, mais la réalité peut être différente. L’esprit est-il véritablement attentif au flux de l’expérience, ou se perd-il dans les humeurs, les pensées et les souvenirs ? Que se passe-t-il ? Ce n’est pas parce qu’il est écrit « vipassana » sur l’étiquette que c’est ce qui se trouve réellement dans la boîte.

Si nous appelons simplement ce qui se passe « vipassana » mais qu’en vérité l’attention est prise dans le flux des pensées et se perd – soyez-en conscient. Utilisez la posture du corps, utilisez le rythme de la respiration pour vous recentrer sur le présent. Ou, si vous appliquez ce processus dans votre vie active, lorsque vous marchez ou courez, utilisez les pas, si vous êtes sur une chaise lors d’une réunion d’affaires ou d’une discussion familiale, ressentez consciemment le poids de votre corps comme un point d’ancrage pour la conscience – le corps est toujours là, quelle que soit l’intensité de la situation. Prenez le temps de rétablir la qualité de l’attention. Une fois que la stabilité de l’attention a été rétablie et qu’il y a la qualité de la concentration dans le présent, alors ouvrez à nouveau la sphère d’attention. Nous sommes responsables de notre propre pratique ; nous l’observons et l’ajustons selon nos besoins.


[1] Le Majjhima Nikaya est une collection de 152 sûtras bouddhiques de longueur moyenne inclus dans le canon pali (transmis par oral depuis l’époque du Bouddha puis écrits vers le ier siècle av. J.-C.).



©Bhumik Photography

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°25 (Printemps 2023)

Extrait de Catastrophe / Apostrophe, Livret n°26 du Refuge, www.refugebouddhique.com

 


Ajahn Amaro, diplômé en psychologie et physiologie de l’université de Londres, a été ordonné moine en 1979 par le maître de méditation thaïlandais Ajahn Chah. Il a résidé de nombreuses années dans les monastères bouddhistes d’Amaravati (Angleterre) et d’Abhayagiri (Californie). Ajahn Amaro a écrit plusieurs livres abordant divers aspects du bouddhisme.

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