Par Ayya Khema
Traduction : Jeanne Schut pour dhammadelaforet.org
Dans le bouddhisme, nous utilisons les mots « soi » et « non-soi ». Il est donc important de comprendre ce que signifie ce « non-soi » ou anatta – même si, au début, ce ne sera qu’une notion abstraite – car l’essence de l’enseignement du Bouddha repose sur ce concept. C’est aussi cet enseignement qui fait que le bouddhisme est unique. Personne d’autre, aucun autre maître spirituel n’a parlé du non-soi de cette manière et, comme il l’a formulé de cette manière, nous avons également la possibilité d’en parler. On a beaucoup écrit à propos du non-soi mais, pour le comprendre vraiment, il faut en faire l’expérience et c’est précisément l’objectif de l’enseignement du Bouddha : avoir une expérience directe du non-soi.
Cependant, pour faire l’expérience du non-soi, il faut commencer par connaître parfaitement le soi, vraiment le connaître. Si nous ne savons pas ce qu’est le soi – ce que nous appelons « moi » – il est impossible de savoir ce que signifie : « il n’y a pas de soi ». Pour pouvoir lâcher quelque chose, nous devons commencer par bien l’avoir en main.
Nous essayons constamment de réaffirmer le soi, ce qui prouve déjà que c’est quelque chose de très fragile et ténu ; sinon, pourquoi devrions-nous le réaffirmer tout le temps ? Pourquoi avons-nous toujours peur que le « moi » soit menacé, soit insécurisé ou n’obtienne pas ce dont il a besoin pour survivre ? Si c’était une entité aussi solide que nous le croyons, nous ne nous sentirions pas si souvent menacés.
Nous affirmons sans arrêt le « moi » au travers de l’identification. Nous nous identifions à un certain nom, un âge, un genre, un don, un métier : je suis avocat, je suis médecin, je suis comptable, je suis étudiant. Et nous nous identifions aux personnes auxquelles nous sommes attachées : je suis un mari, je suis une épouse, je suis une mère, je suis une fille, je suis un fils. Pour communiquer verbalement, nous sommes obligés d’avoir recours au « je » mais nous ne nous arrêtons pas là. Nous pensons vraiment que ce « moi » est qui nous sommes.
Quand l’une de ces facettes d’identification est menacée – le fait d’être une épouse ou une mère, d’être avocat ou enseignant – ou si nous perdons une personne qui nous permet de nous identifier à ce « moi », c’est une véritable tragédie. L’identification à un « moi » devient incertaine ; le « je » a du mal à dire : « Regardez-moi, c’est moi. » Cela inclut louanges et blâme : les louanges renforcent le « moi », tandis que le blâme le menace ; c’est pourquoi nous aimons les louanges et détestons le blâme qui menace l’ego. Même chose pour les honneurs et le déshonneur. Même chose pour gagner et perdre : si nous gagnons, l’ego grandit ; si nous perdons, il diminue un peu. Nous sommes donc constamment mis en difficulté, nous vivons constamment dans la peur. Nous craignons que l’ego perde de sa grandeur, que quelqu’un le rabaisse… et cela peut arriver à tout le monde ! Il est inévitable qu’un jour quelqu’un nous blâme pour quelque chose. Le Bouddha lui-même a été blâmé.
Mais le blâme que nous pouvons recevoir n’est pas le problème ; le problème, c’est comment nous y réagissons ; le problème, c’est que nous nous sentons diminués et que l’ego a du mal à s’en remettre. Par conséquent, ce que nous faisons, en général, c’est riposter en blâmant l’autre, en diminuant son ego à notre tour.
Nous sommes persuadés que, pour survivre, nous avons besoin de nous identifier à tout ce que nous faisons et à tout ce que nous avons, qu’il s’agisse d’objets que nous possédons ou de personnes. C’est la survie du « moi ». Si nous ne nous identifions pas à une chose ou une autre, nous avons l’impression d’être dans le brouillard. C’est la raison pour laquelle il est difficile d’arrêter de penser en méditation : parce que, sans la pensée, il n’y aurait pas d’identification possible. Si je ne pense pas, à quoi puis-je m’identifier ? Il est difficile, en méditation, d’arriver à un stade où il n’y a vraiment plus rien à quoi s’identifier.
Le bonheur aussi peut être un objet d’identification : « Je suis heureux, je suis malheureux. » Comme nous tenons beaucoup à survivre, nous sommes obligés de continuer à nous identifier à quelque chose. Quand cela devient une question de vie ou de mort pour l’ego – et c’est généralement le cas – la peur de perdre devient telle que nous risquons d’être dans un état d’angoisse constant. Nous craignons sans cesse de perdre soit les possessions qui font de nous ce que nous sommes, soit les gens qui font de nous ce que nous sommes. Par exemple, une femme qui n’a pas d’enfants ou qui perd son unique enfant ne se sent pas être « mère » et la peur est partout. Il en va de même pour toutes les autres identifications. Ce n’est pas une situation de vie très paisible, n’est-ce pas ? Mais, à quoi est-ce dû ? À une seule chose : l’ego, le désir d’exister.
« Seul un esprit ouvert peut accueillir des idées nouvelles et les comprendre. »
Bien entendu, cette identification aboutit au désir de posséder et la possessivité entraîne l’attachement. Ce que nous avons, ce à quoi nous nous identifions, nous y sommes attachés. Cet attachement, cette saisie, font qu’il est extrêmement difficile d’avoir un point de vue libre et ouvert. Nous nous attachons à toutes sortes de choses. Même si ce n’est pas à une voiture, à une maison ou à des personnes, nous sommes certainement attachés à nos idées et nos opinions. Nous sommes attachés au regard que nous portons sur le monde. Nous sommes attachés à l’idée de ce qui peut nous rendre heureux. Nous sommes peut-être attachés à une opinion sur la création de l’univers ou à la meilleure façon de gouverner un pays. Quel que soit l’objet de notre attachement, toutes ces idées nous empêchent de voir les choses telles qu’elles sont vraiment ; elles nous empêchent de garder l’esprit ouvert. Or, seul un esprit ouvert peut accueillir des idées nouvelles et les comprendre.
Le Bouddha comparaît les gens qui écoutent le Dhamma à quatre sortes de jarres. La première a des trous au fond : si on verse de l’eau dedans, elle ressort aussitôt – autrement dit, tous les enseignements ne lui serviront à rien. La seconde jarre est fêlée : si on verse de l’eau dedans, elle fuit – ces gens-là ne se souviennent pas de ce qu’ils ont entendu ; ils n’arrivent pas à comprendre ; il y a des fêlures dans leur compréhension. La troisième jarre est remplie à ras bord ; on ne peut pas y verser de l’eau puisqu’elle est déjà pleine : une telle personne a tellement d’opinions sur tout qu’elle ne peut rien apprendre de nouveau. Mais nous pouvons espérer être comme la quatrième jarre, celle qui est vide, sans trou ni fêlure ; complètement vide.
Je dirais que ce n’est pas notre cas mais, peut-être sommes-nous assez vides pour accueillir assez d’informations nouvelles. Être vraiment vide d’opinions et de jugements signifie être libre de toute forme d’attachement. On n’est pas même attaché à ce que l’on croit être la réalité. Quelle que soit notre idée de la réalité, elle est forcément erronée sinon nous ne serions jamais malheureux, pas un seul instant ; nous ne ressentirions jamais de manque ; nous ne nous sentirions ni seuls ni démunis ; nous ne serions jamais frustrés, jamais désœuvrés. S’il nous arrive de l’être, c’est parce que, ce que nous croyons être réel, ne l’est pas. La vraie réalité est parfaitement et profondément satisfaisante. Si nous ne sommes pas parfaitement et profondément satisfaits, c’est que nous ne voyons pas la réalité dans sa totalité. Par conséquent, toute opinion que nous pouvons avoir est, soit erronée, soit partielle.
Comme nos opinions sont erronées ou partielles et limitées par l’ego, nous devons nous en méfier.
Se saisir des choses est la plus grande possessivité et le plus grand de nos attachements. Tant que nous nous saisissons des choses, nous sommes incapables de voir la réalité. Nous ne pouvons pas voir la réalité parce que cette saisie nous bloque la vue. La saisie déforme tout ce que nous croyons être vrai. Malheureusement, il n’est pas possible de dire : « Très bien, je vais arrêter de me saisir des choses. » Nous ne pouvons pas y arriver si facilement. Le processus qui consiste à démonter le « moi », à cesser de croire qu’il s’agit d’une entité compacte, est un processus graduel. Mais, si la méditation réussit à produire des bienfaits, la première chose qu’elle nous fera découvrir, c’est qu’il y a l’esprit d’un côté et le corps de l’autre. Il n’y a pas un ensemble corps-esprit qui agit en totale harmonie tout le temps. Il y a l’esprit qui pense et incite le corps à agir. C’est la première étape vers une meilleure connaissance de soi. Ensuite, nous pouvons remarquer : « Voilà une sensation » et : « Je mets des mots sur cette sensation », ce qui fait allusion à la mémoire et à la perception. « Voici la pensée que j’ai par rapport à cette sensation. La sensation s’est produite parce que l’esprit-conscience sensorielle s’est connecté avec la sensation qui est apparue. »
« Si nous voulons vraiment nous débarrasser de la souffrance, complètement et définitivement, l’attachement doit disparaître. La voie spirituelle n’est jamais une voie de réussite ; c’est toujours une voie de renoncement. »
La saisie et l’objet de la saisie : voilà ce qui crée l’apparition de l’ego. La notion de « moi » naît à cause de la saisie ; ensuite il y a « moi » et le « moi » a toutes sortes de problèmes. Sans « moi » y aurait-il des problèmes ? S’il n’y avait personne en moi, contrairement à ce que nous croyons, personne qui s’appelle « je » ou « moi » ou John ou Claire, qui donc aurait le problème ? Les khandha [1] n’ont pas le moindre problème, ce sont simplement des processus, des phénomènes, et c’est tout. Ils ne font que se dérouler encore et encore et encore. Les problèmes surgissent seulement parce que je m’accroche à ces khandha, j’essaie de m’y rattacher et je dis : « C’est moi, c’est moi qui ressens, c’est moi qui désire. »
Si nous voulons vraiment nous débarrasser de la souffrance, complètement et définitivement, l’attachement doit disparaître. La voie spirituelle n’est jamais une voie de réussite ; c’est toujours une voie de renoncement. Plus nous lâchons, plus il y a d’espace vide et ouvert pour que nous voyions la réalité. Parce que ce que nous avons lâché n’est plus là, il est possible d’avancer sans s’attacher aux résultats de l’avancée. Tant que nous sommes attachés aux résultats de nos actions, tant que nous sommes attachés aux résultats de nos pensées, nous sommes liés, nous sommes confinés.
Il y a encore une troisième chose que nous faisons : nous avons envie de devenir quelque chose ou quelqu’un. Envie de devenir un excellent méditant ; envie de réussir nos examens ; envie de devenir quelque chose que nous ne sommes pas. Mais, devenir quelque chose nous empêche de simplement « être ». Quand nous ne pouvons pas « être », nous ne pouvons pas être attentifs à ce qui est vraiment là. Toutes ces histoires d’envies, de devenir, relèvent, bien sûr, du futur. Or, comme tout ce qui est dans l’avenir est simple conjecture, nous vivons dans un monde de rêve. La seule réalité dont nous puissions être sûrs est cet instant précis, maintenant. Et vous devez voir que cet instant est déjà passé et celui-ci aussi et le suivant aussi. Voyez comme ils passent tous ! C’est l’impermanence de toute chose. Chaque instant passe mais nous nous accrochons, nous essayons de le retenir. Nous essayons d’en faire une réalité, d’en faire une sécurité, d’en faire quelque chose qu’il n’est pas. Voyez comme tous ces instants passent. Si vite que, le temps de le dire, ils sont déjà passés.
Rien n’est sûr. On ne peut s’accrocher à rien, à rien de stable. L’univers tout entier est constamment en train de se désintégrer et de se reconstituer, et cela inclut l’esprit et le corps que nous appelons « je ». Que vous le croyiez ou pas ne fait aucune différence. Pour le savoir, vous devez en faire l’expérience par vous-même ; quand vous le vivez, c’est parfaitement évident. Quand on vit soi-même les choses, elles sont absolument claires. Dès lors, nul ne pourra vous dire le contraire ; certains essaieront mais leurs objections n’auront aucun sens parce que vous aurez vécu les choses de l’intérieur. C’est comme mordre dans une mangue : après, on est sûr d’en connaître le goût. Avant, c’est encore incertain.
Pour faire cette expérience, on a besoin de la méditation. Un esprit ordinaire ne peut connaître que des idées et des concepts ordinaires. Si on veut comprendre et vivre des expériences et des idées extraordinaires, il faut avoir un esprit extraordinaire. L’esprit extraordinaire s’éveille en nous grâce à la concentration. La plupart des méditants ont connu un état différent de ce qu’ils connaissent d’habitude, qui n’est donc plus « ordinaire ». Mais nous devons encore beaucoup fortifier cet état initial, jusqu’au point où l’esprit est réellement extraordinaire, dans le sens où il peut prendre la direction qu’il veut ; extraordinaire, dans le sens où il n’est plus perturbé par les événements de la vie quotidienne. Et, quand l’esprit est capable de se concentrer, il fait l’expérience d’états inconnus jusqu’alors. Réaliser que votre univers se désintègre et se reconstitue est une expérience de méditation qui nécessite de la pratique, de la persévérance et de la patience. Alors, quand l’esprit n’est pas perturbé, qu’il est paisible, apparaissent l’équanimité, la paix et la sérénité.
À ce moment-là, l’esprit comprend la notion d’impermanence au point de se voir lui-même comme complètement impermanent. Et, quand on voit son propre esprit comme étant complètement impermanent, un changement de perspective se produit. J’aime comparer ce changement à un kaléidoscope, ce jouet d’enfant qui permet, d’une simple pression, d’obtenir à chaque fois une image différente. Tout semble très différent à cause d’une simple réorientation de la perspective.
Nous regardons cet ensemble corps-esprit, nama-rupa, et nous ne doutons pas un instant qu’il s’agisse bien de « mes » sensations, « mes » perceptions, « ma » mémoire, « mes » pensées et « ma » conscience sensorielle. Nul n’en doute jusqu’au jour où… les yeux s’ouvrent. Mais, pour que les yeux s’ouvrent, il faut qu’il y ait assez d’espace vide au-delà des opinions et des jugements.
On fait l’expérience du non-soi à travers l’impermanence, à travers l’insatisfaction, et à travers la vacuité, le vide. Vide de quoi ? Le mot « vide » est souvent mal interprété parce qu’on le voit seulement comme un concept. Les gens demandent : « Que voulez-vous dire par vide ? Il y a toutes sortes de choses : la personne, ce qui est à l’intérieur de son corps – les entrailles, les os et le sang… – et tout cela est encore rempli d’autres choses. Quant à l’esprit, il n’est pas vide non plus : il a des idées, des pensées, des sentiments. Et même quand il n’en a pas, que voulez-vous dire par ‘vide’ ? »
La vacuité, c’est l’absence d’une entité personnelle dans ce corps et cet esprit. On peut faire l’expérience de ce rien en méditation. Il ne contient pas une personne particulière, une chose particulière, il est dénué de tout ce qui rend permanent, dénué même de tout ce qui rend important. Tout est fluctuant. Voilà ce qu’est la vacuité.
On peut voir cette vacuité partout, y compris en soi. C’est ce que l’on appelle anatta, le non-soi. Vide d’entité. Il n’y a personne dans ce corps-esprit. Tout est imagination. Au début, cela donne un sentiment de grande insécurité. Cette personne que je considérais avec tant d’intérêt, cette personne qui essaie de faire une chose ou une autre, cette personne qui sera ma sécurité, mon assurance d’une vie heureuse – si jamais je la trouve – cette personne n’existe pas vraiment. Quelle idée effrayante et dangereuse ! Quel sentiment de peur apparaît ! Mais, en réalité, c’est tout le contraire. Si on accepte et on supporte cette peur, si on la dépasse, on arrive à un complet et absolu soulagement, à une libération.
Voici une comparaison : imaginez que vous possédiez un bijou très précieux qui a une grande valeur pour vous ; vous êtes sûr qu’il subviendra à vos besoins si vous deviez traverser une mauvaise passe. Il a tant de valeur que vous pouvez le considérer comme votre sécurité. Vous ne faites confiance à personne, donc vous avez un coffre chez vous et c’est là que vous gardez votre bijou. Vous travaillez dur depuis de nombreuses années et vous pensez que vous méritez des vacances mais que faire du bijou ? Vous ne pouvez tout de même pas l’emporter avec vous à la plage. Alors, vous achetez de nouvelles serrures pour les portes de votre maison, vous mettez des barreaux aux fenêtres, et vous prévenez vos voisins que vous partez en vacances, en leur demandant de surveiller votre maison – et le coffre qu’elle contient. Ils acceptent, bien sûr, ce qui vous rassure et vous partez en vacances.
Vous arrivez à la plage et c’est formidable, merveilleux. Les palmiers ondulent dans le vent ; l’endroit que vous avez choisi sur la plage est propre et joli ; la mer est tiède et tout est très agréable. Le premier jour, vous appréciez vraiment tout cela mais, le second jour, vous commencez à vous poser des questions : les voisins sont très gentils mais il leur arrive de partir voir leurs enfants. Ils ne sont pas toujours à la maison or il y a eu une série de cambriolages dans le quartier, dernièrement. Le troisième jour, vous êtes persuadé que quelque chose de terrible va arriver et vous rentrez chez vous. À peine arrivé, vous ouvrez le coffre et tout est en ordre. Vous allez voir les voisins qui s’exclament : « Pourquoi êtes-vous rentré ? Nous veillions sur votre maison. Il était inutile de revenir. Tout va bien. »
L’année suivante, le même scénario se reproduit. Vous dites aux voisins : « Cette fois je vais vraiment passer un mois là-bas. J’ai vraiment besoin de vacances après avoir travaillé si dur. » Ils répondent : « Aucune raison de vous inquiéter, allez-y ! Allez à la plage ! » Vous remettez les barreaux aux fenêtres, fermez tout à clé, laissez tout bien en ordre, et partez pour la mer. Cette fois encore, tout est merveilleux… pendant cinq jours ! Le cinquième jour, vous êtes persuadé que quelque chose de terrible est arrivé et vous décidez de rentrer. Vous arrivez chez vous et, cette fois, c’est vrai : le bijou a disparu. Vous êtes complètement effondré ; c’est le désespoir total. Abattu, vous allez voir les voisins mais ils ne comprennent pas ce qui a pu se passer ; ils ne se sont pas absentés. Vous vous calmez et vous réfléchissez. Vous réalisez que, puisque le bijou a disparu, vous feriez aussi bien de retourner à la mer et profiter de vos vacances !
Ce bijou est le « moi ». Une fois disparu, tout le fardeau de veiller sur lui, toutes les peurs de le perdre, tous les barreaux sur les portes et les fenêtres, le cœur et l’esprit, ne sont plus nécessaires. Vous pouvez profiter de la vie pendant que vous êtes encore dans ce corps. Après juste considération, l’impression effrayante d’avoir perdu cette chose qui semblait si précieuse s’avère être le seul moyen de soulager l’inquiétude et de trouver la liberté.
[1] Les cinq khandha sont l’ensemble corps-esprit composé du corps, des sensations, des perceptions, des formations mentales et de la conscience sensorielle. Ils sont aussi appelés les « cinq agrégats d’attachement » ou les cinq rivières de l’expérience. Voir l’article d’Adrianne Ross paru dans cette même édition.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°22 (Été 2022)
Nonne bouddhiste, Ayya Khema vivait en Allemagne et a enseigné partout dans le monde. Figure bouddhiste importante en Europe, cette femme simple, mère de famille, était d’une franchise réconfortante. Son attitude parfois sévère était adoucie par une chaleur et une gentillesse authentiques. Elle est l’auteure de Being Nobody, Going Nowhere (Wisdom, 1987).