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Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

FAIRE FACE À LA PANDÉMIE AVEC SAGESSE ET LUCIDITÉ

 Entrevue entre Doug McGill et Sayadaw U Tejaniya,

le 5 avril 2020

 

Traduit de l’anglais par Sylvie Gauthier



Doug McGill : Sayadaw, parmi les questions que les pratiquants m’ont demandé de vous poser, celle qui revient le plus souvent concerne la façon de rester pleinement conscient et serein malgré la peur, l’anxiété et l’incertitude provoquées par le Covid-19.

Sayadaw U Tejaniya : En ce qui concerne la pratique, je dirais simplement : pratiquez comme à l’habitude. Les instructions que je donne pour la pratique sont toujours les mêmes. Tel un mantra, mon enseignement pourrait presque se résumer ainsi : nous ne pratiquons pas pour amener des choses dans l’esprit, comme la sérénité, ou pour en extirper d’autres, comme la peur ou l’incertitude. Nous pratiquons pour observer les choses au moment où elles se produisent, et pour comprendre.

 

Le plus important, c’est de ne pas pratiquer afin de se débarrasser de quelque chose, comme nos peurs, de façon à pouvoir ensuite obtenir la sérénité. Cela n’est pas la bonne approche. Il faut plutôt voir, d’abord et avant tout, que l’esprit souffre lorsqu’il fonctionne en mode aversion ou avidité. L’attitude juste consiste à accepter, à observer et à apprendre de nos expériences, telles qu’elles se manifestent.

 

Si vous êtes déjà familier avec les concepts de dukkha[1] (insatisfaction, souffrance), d’anicca[2] (impermanence), et d’anatta[3] (non-soi), vous serez mieux à même d’appréhender la situation extérieure, car vous saurez qu’il s’agit de leur manifestation naturelle.

 

Mais ce qui se produit à l’intérieur de nous-mêmes est aussi une manifestation naturelle. Si l’esprit comprend et accepte que ce qui se passe, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, est naturel, vous saurez comment faire face à la situation de la manière la plus juste possible.

 

Comment gérez-vous votre propre anxiété, votre propre peur ?

Je ne suis pas sans ressentir de l’anxiété ou de la peur, mais je comprends qu’il s’agit simplement de phénomènes de l’esprit. Je ne peux empêcher l’esprit d’éprouver de la peur ou de l’anxiété. Mais je me dis que cela est normal, compte tenu de la situation. La pire chose serait de se demander : « Comment me débarrasser de cela ? » Parce que l’envie de fuir les expériences négatives est exactement ce qui cause les plus grandes peurs. L’esprit qui rejette la peine ou la souffrance est celui qui crée le plus d’anxiété.

Je pense que le propos, c’est de reconnaître que cette situation est naturelle, que cela peut se produire, que cela se produit maintenant. Si l’esprit voit qu’il s’agit simplement de la nature à l’œuvre, cette acceptation l’apaisera profondément.

 

 

La situation actuelle, aussi extrême soit-elle, a-t-elle un côté positif ?

Elle nous invite toutes et tous à devenir plus conscient(e)s de nous-mêmes. Cela s’applique autant aux méditants qui ont une compréhension de la conscience de soi qu’à tous les autres. Pas nécessaire d’avoir étudié anicca, dukkha, anatta, etc. Tout le monde devient naturellement plus conscient de ses sentiments, de ses peurs, de ses pensées.

 

Lorsque notre conscience devient plus vaste et qu’en outre, notre façon de penser est juste, notre pratique se transforme naturellement en une authentique voie d’éveil. C’est le Dhamma qui est pratiqué. Les peurs cèdent la place à l’acceptation, à la curiosité et à l’envie d’apprendre et de comprendre. Au lieu de rejeter les sensations du corps et de l’esprit, on les accepte comme étant naturelles. Voir et comprendre ainsi les choses apporte un grand soulagement, une libération.

 

 

Écouqter Donald Trump, ne serait-ce que quelques instants, me met en rage. Son incompétence, ses mensonges et son total manque d’éthique ont causé la mort inutile de nombreuses personnes. Que faire avec cette rage que je ressens envers lui ?<

Nous savons que Donald Trump ne changera pas. Nous ne pouvons pas le changer ; mais nous pouvons changer la qualité de notre esprit. Nous savons déjà que l’éthique, la compétence et le sens des responsabilités lui font défaut. Alors, ne l’écoutez pas ! Lorsqu’il apparaît sur votre écran de télé ou d’ordinateur, observez plutôt votre esprit. Occupez-vous de votre propre esprit, pas de Trump. Voilà comment pratiquer. Intéressez-vous à la manière dont votre esprit réagit, pas à ce que Trump raconte ou à la personne de Trump. Quelqu’un dont l’esprit peut rester en paix même devant les propos de Trump a déjà atteint un bon niveau! Vous savez, les Américains ont Trump depuis quatre ans, mais dans d’autres pays, les gens vivent ce genre de situation depuis des décennies !

Je vous pose la question : voulez-vous vraiment laisser quelqu’un comme Trump vous priver de la paix de l’esprit ? C’est parce que nous pensons à lui que notre paix est ébranlée.

 


Même en temps ordinaire, vous encouragez les gens à considérer leur lieu de vie comme un lieu de retraite. Le moment semble bien choisi pour s’y mettre.

Le moment est idéal : saisissez cette occasion de pratiquer le plus possible, d’être le plus éveillé possible. Lorsque les gens font une retraite dans un centre de méditation, ils disent toujours qu’il leur est difficile de reconduire la pratique à la maison. Mais nous voilà confinés chez nous, alors en effet, c’est le moment de transformer nos lieux de vie en lieux de retraite. Si nous réussissons, nous pourrons continuer de pratiquer le Dhamma à la maison longtemps après la crise, parce que nous en aurons pris l’habitude.

 

 

Comment faire une retraite à la maison ?

Exactement comme dans un centre de méditation : en demeurant constamment présent dans chaque activité de la vie quotidienne. Dès que vous vous réveillez le matin, voyez que vous êtes réveillé et éveillé. Lorsque vous vous levez, soyez conscient que vous sortez du lit. Lorsque vous vous rendez aux toilettes, soyez-en conscient. Lorsque vous vous lavez le visage, soyez-en conscient. Lorsque vous vous brossez les dents, soyez-en conscient. Lorsque vous préparez le petit déjeuner, soyez-en conscient. Lorsque vous mangez, soyez-en conscient.

Soyez constamment attentif à ce que vous faites. Voilà comment nous devrions toujours pratiquer, même en temps normal.

 

 

Pourquoi devrions-nous nous efforcer de rester présents dans des activités aussi banales que se lever, se brosser les dents, remarquer de quel pied nous entrons dans une pièce, quel bras enfile le tee-shirt en premier, etc. ?

Prêter attention aux détails est la voie de la sagesse. C’est pourquoi nous devrions nous y entraîner. Ce n’est que lorsque l’esprit a pris l’habitude de remarquer les détails qu’il peut déceler les causes, les effets et leur enchaînement ; par exemple, quelles pensées, quels gestes produisent un état d’esprit sain. Seul un esprit entraîné peut voir clairement les fonctionnements habituels du corps et de l’esprit, et ainsi ne pas suivre ces fonctionnements machinalement, mais plutôt faire des choix éclairés.

 

Par exemple, l’esprit est toujours en train de se projeter. On peut le voir si l’esprit est alerte. Quoi que vous fassiez, même des choses simples, l’esprit est constamment en train de planifier, de créer des intentions. Lorsqu’on enfile un tee-shirt, il y a l’intention de passer tel bras d’abord, puis l’autre, etc. Lorsque j’ai commencé à remarquer cela, je me suis aperçu que lorsqu’un objet se trouvait à ma gauche, j’avais le choix de le prendre avec la main gauche, plutôt que d’utiliser la droite, comme d’habitude. J’ai vu très clairement que l’esprit est toujours en train de planifier de façon purement mécanique, mais pas nécessairement habile ou utile.

 

Lorsque je peux voir l’intention dans l’esprit, je peux choisir d’agir ou pas, selon la situation. Je peux choisir l’action avisée et pertinente, plutôt que de répéter le même fonctionnement générateur de souffrance.

 

Le discernement est aussi une voie de sagesse. Sans l’éveil, toutes nos intentions, nos pensées, nos paroles et nos actions émanent de l’avidité, de la haine et de l’illusion. Principalement de l’illusion, parce que nous sommes en mode automatique. C’est l’illusion qui mène le bal. Lorsque nous entraînons notre esprit à voir la première action, puis l’action suivante, nous l’entraînons à voir les détails. Nous lui donnons conscience, et la conscience peut agir avec discernement. Lorsque l’esprit peut choisir, il n’est plus en mode automatique.

 

 

Comment le discernement peut-il nous aider pendant cette période ?

Personnellement, je prends conscience du nombre de fois où je me touche le visage sans raison. Il faut vraiment se concentrer pour ne pas se toucher le visage. C’est très difficile ! Mais lorsque vous le remarquez, vous prenez conscience de l’intention qui se forme avant de vous toucher le visage. Une fois que vous accédez à ce niveau de conscience – c’est-à-dire que vous percevez l’intention qui précède l’action – vous pouvez décider de ne pas passer à l’action, si vous le souhaitez. Si vous percevez l’intention de toucher votre visage, vous avez la possibilité de ne pas le faire, ce qui pourrait littéralement vous sauver la vie en cette période.

 

 

On peut avoir l’impression que la peur affûte la conscience. Par exemple, si j’ai peur de me toucher le visage parce que je pourrais me contaminer, je peux penser que ma peur me rend plus vigilant.

Il faut faire attention à ne pas laisser la peur devenir le moteur de nos pensées et de nos actions. L’esprit confus ne devrait jamais diriger. Si une peur apparaît, vous pouvez l’observer ; mais ne la laissez pas diriger, parce que les dysfonctionnements créent toujours plus de dysfonctionnements. Par exemple, si vous laissez la peur vous diriger, elle ouvrira rapidement la porte à d’autres dysfonctionnements, tels que la colère, l’inquiétude, l’impatience, la tristesse ou la dépression.

À la place, vous pouvez laisser autre chose affûter votre conscience : une compréhension claire, calme et objective de l’importance de ne pas vous toucher le visage.


Voici la question d’un pratiquant qui fait une retraite à la maison : « Je vis avec ma partenaire, et nous passons beaucoup plus de temps ensemble qu’auparavant. Nous pratiquons tous les deux la méditation, mais la promiscuité crée des tensions. Avez-vous un conseil à donner aux gens qui vivent ensemble pendant le confinement ? »

Les tensions viennent du fait que vous pensez à l’autre, que vous observez l’autre. Votre attention est à l’extérieur de vous. En cette période de confinement, si nous ne fonctionnons pas avec sagesse, nous allons déceler des tas de choses chez l’autre, nous allons penser davantage à l’autre. Sans sagesse, cela peut causer des problèmes.

 

Il est plus important que jamais de tourner son regard vers l’intérieur. Ne soyez pas constamment sur le dos les uns des autres. Ce n’est pas seulement le corps qui doit se mettre en quarantaine ; c’est aussi l’esprit. Gardez votre esprit à l’intérieur. Ne le laissez pas errer, juger, critiquer.

 

Si vous et votre partenaire méditez, concentrez-vous sur vous-mêmes, sur votre propre pratique, et les problèmes disparaîtront. La vie sera plus harmonieuse si tous les deux, vous vous observez vous-mêmes. Après un moment, lorsque la conscience et le samadhi[4] seront plus forts, l’esprit deviendra naturellement plus stable et le sentiment de metta[5] se manifestera spontanément, parce que l’esprit sera ferme et tranquille.

 

Vous et votre partenaire ressentez de la tension parce que vous n’intervenez pas au moment où la tension apparaît. Dès que vous identifiez une tension, tournez votre regard vers l’intérieur. Voyez la tension en vous et relâchez-la avant de passer à autre chose : avant de penser, de parler, d’agir.

 

 

Voici une autre question d’un pratiquant en retraite à la maison : « Je vis seul pendant le confinement. Comment pratiquer avec le sentiment de solitude ? »

Le problème vient des pensées. Vous pensez : « je me sens seul », « je suis tout seul », « je me sens comme ceci, comme cela »…  Toutes ces pensées sont la source du problème. Si vous étiez constamment conscient de vos actions quotidiennes, vous auriez le samadhi ; vous seriez au nirvana. Vous seriez heureux, vous ne seriez pas dans les pensées. Le mot « solitude » provient de la pensée. Si vous êtes conscient, si vous êtes dans la réalité, il ne peut y avoir de solitude, parce qu’il y a toujours deux choses : la conscience et l’objet. Vous n’êtes jamais seul.

 

Une autre question d’un retraitant: « Je suis au chômage et mes chances de trouver un emploi semblent maintenant inexistantes. Je dois nourrir ma famille, éduquer mes enfants. Je pratique la pleine conscience, mais la panique et la peur m’empêchent souvent de dormir. Comment faire face avec sagesse et équanimité ? »

Encore une fois, le problème vient de la pensée, du fait de ruminer constamment les mêmes soucis. Voilà ce qui cause l’anxiété. Imaginez le pire scénario : vous n’avez pas d’argent, pas de nourriture. Que faire ? Au lieu d’angoisser, sachez que quelles que soient les circonstances, tout ce que vous pouvez faire, c’est votre possible. Vous pourriez demander de la nourriture. Le monde est rempli de personnes généreuses.

 

Plutôt que de ressasser vos peurs et vos préoccupations, demandez-vous ce que vous pouvez faire maintenant. Il y a des choses auxquelles il vaut mieux ne pas penser. Si vos enfants ne peuvent aller à l’école, c’est comme ça. Que pouvez-vous faire maintenant ? Par exemple, dès maintenant, vous pouvez pratiquer le contentement. Faites face aux situations une à la fois. Maintenez le meilleur état d’esprit possible.

 

 

Il semble crucial de bien gérer nos inquiétudes par les temps qui courent...

Il est inutile de s’inquiéter. L’inquiétude ne règle pas les problèmes. L’inquiétude nous dépouille toujours de notre créativité, de notre résilience, de notre capacité de voir les choses sous un angle plus vaste. Donc, cessez de vous en faire. Stoppez ces pensées et concentrez-vous sur autre chose.

 

« Impossible » n’existe pas. Il y a toujours un éventail de possibilités.

 

L’inquiétude se met en travers des solutions. Elle dit : « Oh, ceci n’est pas possible, cela n’est pas possible. » L’inquiétude ne pense qu’à ce qui est impossible, et ne vous offre qu’un seul choix, dont vous n’avez que faire. Elle ne veut rien accepter d’autre. C’est un état d’esprit voué à l’échec. Donc, ne l’entretenez pas, ne croyez pas les pensées qui proviennent d’un esprit inquiet.

 

 

Certains experts nous disent que 70 % d’entre nous seront infectés par le Covid-19. Comment pratiquer si nous sommes malades, mourants ?

Le propos n’est pas comment pratiquer « si ceci ou cela se produit », mais plutôt : « Comment pratiquer maintenant ? » C’est toujours ainsi que nous devons pratiquer. Lorsque j’ai reçu un diagnostic de cancer en 2018, ma façon de pratiquer n’a pas changé. Quoi qu’il arrive, je pratique. Ça va bien : je pratique. Ça va mal : je pratique. Je pratique toujours de la même façon. La pratique ne change jamais.

 

 

Dernière question d’un pratiquant : « Mon fils est récemment décédé d’un cancer après deux ans et demi de maladie. Il a fait preuve d’un grand courage et savait faire face aux crises. J’ai le sentiment que maintenant, mon fils veille à la transformation du monde. Est-ce que des êtres comme mon fils aident l’humanité à partir de l’au-delà ? »

Ne pensez pas à d’autres êtres, vivant dans un autre monde. Tournez votre regard vers l’intérieur. Pas besoin de croire que des êtres invisibles vous guident.

Lorsque votre fils était en vie, il vous a donné un excellent exemple d’un esprit sain manifestant une vue juste, une attitude juste, de la force et du courage.

 

Ayant constaté les bienfaits de cette attitude sur lui et sur son entourage, vous avez hérité d’une part de ces bienfaits. Tout cela est encore bien présent en vous aujourd’hui. Vous pouvez y accéder.

 

Ce qu’il faut voir, c’est l’esprit des personnes comme votre fils, un esprit qui aide non seulement la personne elle-même, mais aussi son entourage. Voilà ce qu’il faut retenir. Il n’y a pas d’êtres invisibles qui guident le monde, mais il y a des exemples qui nous inspirent. Ce qui nous aide en cette période, c’est l’esprit réel, l’esprit droit et sincère.


[1] Dukkha (sanskrit : souffrance, insatisfaction) est la première des Quatre Nobles Vérités, un enseignement donné par le Bouddha après son Éveil (les Quatre Nobles Vérités étant :  1 - La vérité de la souffrance et de l’insatisfaction 2 - La vérité des causes de la souffrance et de l’insatisfaction 3 - La Vérité de la cessation de la souffrance et de l’insatisfaction 4 - La vérité du chemin qui mène à la cessation de la souffrance et de l’insatisfaction).

[2] 3 Anicca (l’impermanence), dukkha (la souffrance, l’insatisfaction) et anatta (le non-soi) sont les sceaux de l’enseignement du Bouddha (selon les traditions bouddhistes, on évoque 3 ou 4 sceaux). Ce sont les caractéristiques qui sous-tendent et fondent tous les enseignements du Bouddha. Ces sceaux sont des compréhensions auxquelles nous parvenons par la réflexion et l’observation du mode d’être des phénomènes, du fonctionnement des choses.

[4] Samadhi (sanskrit) : l’absorption méditative

[5] Metta (sanskrit) : l’amour, la bienveillance


Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°14 ( été 2020 )

 






Doug McGill est enseignant de méditation, écrivain et ancien reporter au New York Times. Il est élève de Sayadaw U Tejaniya depuis les années 1980 et a fondé le Rochester Meditation Center à Rochester (États-Unis) en 2004.

 

 









Sayadaw U Tejaniya a rencontré et pratiqué les enseignements du Bouddha alors qu'il était un jeune adolescent sous la direction de Shwe Oo Min Sayadaw (1913-2002). Après une carrière dans les affaires et une vie de chef de famille, il est devenu moine permanent depuis 1996. Il enseigne la méditation au centre de méditation de la Forêt Dhamma Sukha à Rangoon (Birmanie). Sayadaw encourage ses étudiants à appliquer les enseignements dans tous les aspects de leur vie. Sa vie antérieure de chef de famille lui donne une compréhension rare des défis auxquels sont confrontés ses étudiants laïques.

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