Wake Up Schools est une initiative pour offrir aux éducateurs, aux étudiants et aux communautés scolaires des programmes de pleine conscience durables pour un environnement scolaire sain et heureux. C’est une initiative du maître zen Thich Nhât Hanh et de la communauté internationale du Village des Pruniers.
Les pratiques suivantes constituent une base pour entraîner son esprit à la pleine conscience dans l’environnement scolaire. Elles n’ont d’intérêt que si elles sont réellement pratiquées régulièrement. Le support du groupe (autant enfants qu’adultes) est un facteur qui facilite beaucoup la pratique.
Guidance pour les touchers de la Terre
En touchant la Terre je vois que je suis un enfant de la Terre
(Un son de cloche, les enfants touchent la Terre)
La Terre est comme ma maman et mon papa. De la Terre, je reçois des choses délicieuses à manger comme par exemple du blé pour faire le pain, du riz, des pommes, des carottes et même du cacao pour préparer du chocolat. La Terre nous donne des matières pour fabriquer nos vêtements comme le coton, ou la laine des moutons. Grâce à ces habits nous avons assez chaud pour vivre sur la Terre.
Je sens mon corps allongé sur la Terre. Je sens mes bras, mes jambes et mon visage qui touchent le sol. Je sens que la Terre est solide et qu’elle me soutient. Je vois la Terre couverte de nombreuses plantes, d’arbres et de fleurs qui rendent l’air très propre et très pur. En inspirant, je sens l’air frais remplir mon corps. Je me sens calme et détendu.
Je me sens heureux et en sécurité sur la Terre.
(Un son de cloche, les enfants se lèvent.)
En touchant la Terre je me sens connecté à ma maman et mon papa
(Un son de cloche, les enfants touchent la Terre.)
Je suis l’enfant de ma maman et mon papa. Même si je ne vis peut-être pas avec mes deux parents aujourd’hui, je vois ma maman et je lui souris. Je vois mon papa et je lui souris. Je veux que ma maman et mon papa soient heureux. Je veux qu’ils soient en sécurité et qu’ils n’aient pas du tout de soucis.
Des fois, maman ou papa est en colère après moi et j’ai de la peine. Parfois maman ou papa sont tellement occupés qu’on dirait qu’ils n’ont pas de temps pour moi et je me sens triste. Mais d’autres fois maman et papa s’occupent de moi, on peut rire et jouer ensemble et on s’amuse bien. Maman et papa m’ont appris plein de choses, par exemple à lire, à chanter, à faire des maths ou à préparer des gâteaux. J’ai envie de les remercier. Je sais que ma maman et mon papa aussi ont été des enfants il y a longtemps, et qu’eux aussi ont parfois eu de la peine et de la tristesse comme moi. Je sais qu’ils ont eu beaucoup de difficultés dans leurs vies et je ne suis pas fâché contre eux.
Je pense à mon papa et ma maman, je sens leur amour et leur soutien et je me sens heureux. Je sais que mon papa et ma maman ont besoin de ma fraîcheur et de mes sourires pour être heureux aussi.
(Un son de cloche, les enfants se lèvent.)
En touchant la Terre je suis heureux d’être moi
(Un son de cloche, les enfants touchent la Terre.)
Je suis une petite fille ou un petit garçon qui vit sur la planète Terre. Parfois je me sens aussi petit qu’un minuscule insecte ou une araignée qui court dans l’herbe. Parfois je me sens aussi immense qu’un arbre très grand et très vieux. Mes branches touchent les nuages et mes racines vont très profond dans la Terre pour boire l’eau souterraine. Des fois je suis heureux comme le soleil qui brille et je fais sourire tout le monde. Des fois je me sens triste et seul comme un jour gris et je voudrais pouvoir me cacher dans un arbre pour pleurer. Mais quand je pleure, mes larmes sont comme une pluie rafraîchissante par un après-midi très chaud et après ça je me sens frais et tout neuf. Je sais qu’à chaque fois que je me sens triste, que j’ai peur ou que je suis en colère je peux aller vers la Terre et elle sera toujours là pour moi. Les rochers et les animaux, les plantes et les fleurs, le soleil et le ciel étoilé sont tous là pour moi. J’inspire l’air frais et pur.
J’expire et je laisse sortir ma peur, ma tristesse et ma colère. (Pause)
Je m’accepte moi‐même. Je m’accepte quand je suis heureux et joyeux et je m’accepte aussi quand j’ai des difficultés, quand je suis triste ou en colère. Je me souris à moi‐même et je vois que je suis un être merveilleux sur la Terre. Je fais partie de la Terre et la Terre fait partie de moi.
(Deux sons de cloche pour terminer, les enfants se lèvent.)
Manger en pleine conscience
C’est une pratique qui nous invite à manger nos aliments en étant conscients de ce que l’on mange et comment on le mange. C’est un repas que l’on partage ensemble et en silence. Mais ça peut aussi être un goûter, un morceau de gâteau, ou même de simples quartiers d’oranges partagés en classe. Une invitation est faite avant le début du repas sous forme de poème récité — mais on peut aussi en inventer un — au cours de laquelle notre conscience est ramenée au repas qui va être partagé. Un exemple de petit poème que l’on peut réciter en début de repas avec des enfants :
• Cette nourriture est un cadeau de tout
l’univers : la Terre, le ciel, la pluie et le
soleil.
• Nous remercions les personnes qui
ont préparé cette nourriture, les agriculteurs, les commerçants et les cuisiniers.
• Dans notre assiette, nous ne prenons pas plus de nourriture que ce que nous pouvons manger.
• Nous voulons mâcher lentement pour apprécier la nourriture et aider notre corps à l’intégrer.
• Cette nourriture nous donne de l’énergie pour offrir plus d’amour et plus de compréhension au monde.
Chaque phrase peut être commentée en fonction des circonstances, réadaptée au besoin et illustrée de manière concrète surtout pour les plus jeunes qui ont be- soin d’expériences vécues. Un exemple : expérimenter qu’un défaut d’arrosage pro- voquera le dépérissement d’une plante et l’absence de germination pour une graine. Une sortie sous la pluie, bien encapu- chonnés ou, encore plus amusant, sous des parapluies, permettra d’en avoir une conscience plus profonde que derrière une fenêtre ou dans une histoire !
Dans ses enseignements, Thay nous explique que manger en pleine conscience, ce n’est pas manger en pensant à son travail ou à ce que l’on doit faire. Quand nous prenons un morceau de pain, on doit le faire en pleine conscience. Ainsi, en regardant en profondeur dans le pain, nous pourrons voir les champs de blé dorés et les beaux paysages. Nous pourrons voir le travail de l’agriculteur, du meunier et du boulanger.
Le pain ne vient pas de rien ! Il vient d’une graine, de la pluie, du soleil, du sol et du travail de plusieurs personnes. L’univers tout entiera collaboré pour nous apporter ce morceaude pain. Quand nous arrêtons de penser et que nous ramenons notre esprit au moment présent, nous pouvons regarder en profondeur dans le morceau de pain et voir tout ceci.
VERSION ENFANTINE
• Ce goûter est le cadeau de la Terre, du ciel, de la pluie et du soleil.
• Nous disons merci aux fermiers, aux marchands et aux cuisiniers.
• Nous mâchons lentement afin de
bien sentir le goût.
• Ce goûter nous donne de la force ...
• ... pour être une personne gentille
et pleine d’amour.
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°18 ( Eté 2021 )