top of page
loading-gif.gif
Photo du rédacteurSagesses Bouddhistes

Confrontez-vous à vous-mêmes

Traduction : Marie-Christine Peixoto et Laurent Strim

 

Tout commence par vous-même. Vous êtes celui ou celle qui choisit la façon de percevoir les choses. Vous êtes celui ou celle qui choisit la façon de réagir à ces choses. 

Souvent, nous savons que si nous réagissons humblement, patiemment, avec amour et bienveillance, il en résultera que nous serons dans un état d’esprit bien plus heureux. À partir de là, notre attitude va changer elle aussi, et ainsi de suite. Tout commence à s’aligner. 


Si vous êtes attentif et déterminé à consolider ce genre d’habitudes, petit à petit, le mécanisme va se mettre en place automatiquement. Ce que nous expérimentons à présent est un résultat dont la cause est notre karma. 

Mais souvent, c’est l’inverse qui se produit. Pourquoi ? Parce qu’on invite l’ego. Nous invitons ces émotions destructrices. Nous autorisons ces intrus à entrer. Nous les laissons entrer dans notre façon de penser. Nous les acceptons. Nous leur donnons du pouvoir. Nous les laissons se déchaîner. Et après... Oh, nous regrettons ce que nous avons fait… Nous sommes tristes... Nous devons dire « pardon » à ceux que nous avons blessés, ou offensés. 


Bien sûr, apprendre est un processus. Si nous ne changeons pas cette habitude, si nous ne changeons pas ça, on ne fait que répéter les mêmes choses, encore et encore. Ce n’est pas du tout constructif. Il n’y a aucun résultat positif. Et nous recherchons toujours des résultats positifs. Nous recherchons toujours à progresser, en tant que personne. 


Nous n’avons pas à nous comparer à qui que ce soit parce que nous sommes tous différents les uns des autres. Chacun sait différemment. Chacun a vécu dans des circonstances différentes. Tout le monde vient d’horizons différents, que ce soient les origines culturelles, l’enfance, les influences sociales, etc. N’est-ce pas ? 

Comme s’il n’y avait personne qui en savait plus qu’une autre. Je suis désolé de dire ça, ok ? Du moins, c’est comme ça que je perçois les choses de mon point de vue. Tout le monde connaît les choses de façon différente, parce que c’est une question de perspective. La façon de percevoir les choses dépend de la perspective de chacun. 

Si je dis quelque chose, je ne pourrai jamais comprendre exactement ce que vous allez comprendre. Vous ne pourrez jamais savoir exactement ce que j’essaie de dire. Cet espace entre deux, c’est quelque chose que nous devons juste accepter. D’accord ? 

C’est comme lorsque vous lisez. L’auteur avait peut-être l’intention de dire quelque chose. Mais nous ne comprendrons jamais complètement son message, parce que nous avons notre propre perception. Il y a toujours cet espace important entre les deux. Il y a un espace énorme entre la perception de l’un et la perception de l’autre. 

C’est aussi l’une des difficultés de la communication. C’est pour cela, aussi, qu’il est tellement important d’écouter plutôt que de parler, en matière de communication. Écouter est la partie la plus importante de la communication, même si ça n’en a pas l’air. « Oh, non, la communication, c’est le fait de parler, non ? » 


Non. C’est le fait d’écouter. C’est ça aussi. C’est un art. Écouter est un art. Je pense qu’écouter est un aspect essentiel de l’empathie, parce que c’est montrer que : « Oh, tu comptes pour moi. Tu existes. Je veux te comprendre. Je veux être capable de me relier à toi. »


La plupart des gens écoutent les réponses. Parfois la personne n’a même pas encore parlé, ou pas encore fini de parler, que nous sommes déjà à l’interrompre. Nous sommes déjà à parler par-dessus elle pour répondre. C’est comme ça que nous nous relions. C’est ça, l’ego. L’individu est plus important. Nous sommes le centre du monde. Tout tourne autour de nous


Mais le truc, c’est que vous n’êtes pas le centre du monde. Je suis désolé de vous le dire. Nous ne sommes pas le centre du monde. Nous sommes minuscules… À peine un petit grain de sable. 

Cela dit, nous avons un grand potentiel. Nous pouvons vraiment faire la différence. Nous faisons vraiment la différence. 


C’est une question… d’équilibre entre l’un et l’autre. C’est comme cette expression : 

Soyez fier parce que vous existez. Soyez humble, parce que vous faites partie d’un tout. 


Vous faites partie de quelque chose. Vous faites partie de l’humanité vivante, collective, interdépendante et en mouvement permanent. 

Donc je pense que ce sont là des mots très sages qui m’ont été dits par l’un de mes amis. C’est un tanneur. Il travaille le cuir depuis 50 ans maintenant. Il fait de magnifiques objets en cuir. Il crée des animaux, des boîtes. Il va faire un aigle immense, une tortue à taille réelle, il peut tout faire avec seulement du cuir, tout cela avec ses mains, couche après couche. Incroyable. Ça lui prendra des mois de faire ça. Il a même fait des casques de moto en cuir. Ouais ! Ils ont été testés. Ils sont même mieux que les casques classiques parce que le cuir absorbe les chocs. Son travail est professionnel. Enfin voilà, c’est un homme incroyablement sage et l’un de mes mentors. Selim est dans mon cœur. J’ai travaillé comme apprenti avec lui pendant quelque temps. 


J’aime bien l’artisanat, l’art. J’ai essayé un peu tout vous savez. Pour moi, c’était important parce qu’au monastère je n’avais pas ces possibilités. Au monastère, presque tout était interdit à part les études et les prières. C’était bien pour moi. Je suis reconnaissant de l’opportunité que j’ai eue. Je suis heureux d’avoir pu apprendre tout ce que j’ai appris au monastère. Lorsque j’ai commencé à vivre dans le monde extérieur, c’est devenu aussi précieux que des conseils pratiques au jour le jour. Ça m’a aidé à m’adapter plus facilement aux situations. 


Si je n’avais pas eu ces outils, je pense qu’il m’aurait été difficile de m’adapter à la culture occidentale. C’est particulièrement vrai avec ma mentalité. Je ne comprenais rien à la société. J’étais juste... dans une bulle, en fait. 

Donc oui, c’est important. Se confronter à soi-même, toujours. Confrontez-vous à vous-même tous les matins. Confrontez-vous à vous-même tous les soirs. 

Tous les matins, quand vous vous réveillez, établissez votre motivation. Essayez de comprendre votre motivation. Qu’allez-vous faire aujourd’hui ? 

Nous essayons tous de trouver le bonheur, n’est-ce pas ? Je pense que nous sommes tous d’accord là-dessus. Euh… alors, comment on… arrive à ce bonheur ? C’est toute la question. 


Le premier pas, c’est de comprendre que le bonheur ne peut qu’être le résultat d’un amour bienveillant envers soi-même, et de cette façon, envers tous les autres. 

Donc au minimum, il y a des choses que nous devons arrêter de faire, ce qui devient notre motivation. Vous comprenez ? 


Tant que notre intention, notre motivation sont notre ego, d’être autocentré, attaché, accroché, dirigé par des intérêts égoïstes, il est impossible d’être heureux. Nous serons très probablement malheureux. 

Tant que mes intentions tournent autour de MOI… JE, veux être heureux, alors, oubliez ! Ce n’est pas le chemin qui mène au bonheur. 

 


Publié avec l’aimable autorisation de Tenzin Ösel Hita, one-big-love.com

Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°17 ( Printemps 2021 )

 


Tenzin Ösel Hita Torres est reconnu par Sa Sainteté le Dalaï-Lama comme étant la réincarnation de lama Thubten Yéshé. Après un cursus d’études complet dans l’université monastique de Séra Djé, Ösel a décidé de quitter la vie monastique pour découvrir les manières de vivre et de penser contemporaines.

bottom of page