L'allégorie de l'orfèvre
Par Ajahn Sujato
Ajahn Sujato étudie et enseigne les textes bouddhistes selon des perspectives comparatives et historiques. Dans la retraite de 5 jours de pratique de méditations au monastère de Ségriès à Mousties-Sainte-Marie en novembre 2015, il donne à un groupe de pratiquants bouddhistes une introduction sur la forme ancienne classique des sutta. Les sutta écrits en langue pali sont généralement considérés comme le plus ancien recueil des enseignements du Bouddha. Il donne ensuite un enseignement sur la méditation en se basant sur le sutta de l’Orfèvre dont l’article présente la première partie.
Un peu d’histoire
Certains d’entre vous sont nouveaux, aussi avant d’aborder le sutta que je vous propose d’étudier, je commencerai par rappeler brièvement ce qu’est un sutta. Le Bouddha est né en Inde, il y a près de 2 500 ans, dans la vallée du Gange où il a vécu et où il est mort. Après avoir atteint l’Éveil à l’âge de 35 ans, il a ensuite enseigné pendant 45 ans, attirant autour de lui un grand nombre de disciples, des moines puis des nonnes mais aussi des laïcs. Ceux qui le suivaient ont mémorisé ses discours, les sutta, le plus fidèlement possible, afin de les transmettre intacts aux générations à venir. On n’a pas retrouvé en Inde de traces écrites datant de cette époque. Pendant 400 ans, tout ce corpus s’est transmis oralement. Si pour nous, aujourd’hui, la mémorisation d’un si grand nombre d’enseignements (des milliers) semble relever de l’exploit, c’est que notre mental n’est plus rompu à un tel exercice, l’éducation moderne ne reposant plus sur l’entraînement de la mémoire.
Dans le sangha, la communauté des moines, on garde encore cette tradition orale, et on peut encore réciter des textes en pali sur de longues durées. Si vous regardez dans le Livre des Records, celui qui a gagné le record de mémoire le plus important est un moine birman qui pouvait réciter toutes les écritures. C’est une science et un entraînement. On sait par exemple que dans la tradition brahmanique, ils ont ainsi transmis leurs écritures, le Rig-Veda, pendant au moins 1 000 ans, peut-être 2 000 ans. On sait cela parce que les linguistes peuvent identifier l’âge de l’écrit. Pour apprendre, ils utilisaient certaines techniques pour être sûrs de retenir parfaitement le texte, ligne après ligne ; par exemple ils apprenaient chaque ligne à l’endroit et à l’envers et récitaient chaque syllabe à l’endroit et à l’envers. Et ils avaient beaucoup d’autres techniques pour préserver l’intégrité d’un texte.
Mais la chose la plus importante, pour les bouddhistes, c’était de toujours réciter en groupe, cela permettait de relever plus facilement l’erreur que pouvait commettre un moine dans sa récitation. Et cette récitation commune a perduré jusqu’à aujourd’hui dans le sangha monastique, notamment lors de la récitation du patimokkha[1]. Cependant, environ 400 ans après la disparition du Bouddha, des guerres et une grande famine au Sri Lanka ayant entraîné un grand nombre de morts parmi les moines ont fragilisé la perpétuation de la tradition orale et conduit les quelques survivants à passer à l’écrit, seule façon de préserver la transmission de façon pérenne, dans une langue : le pali.
C’est seulement notre conditionnement culturel qui nous incline à penser que l’écrit est plus fiable que l’oral alors même qu’il a toujours existé de nombreuses manières de falsifier un texte écrit, aujourd’hui encore davantage, à l’heure du numérique. Je vous signale tout cela parce qu’on a besoin de connaître un peu dans quel contexte les sutta ont été transmis.
Le Bouddha enseignait de façon que les gens qui l’écoutaient parviennent à mémoriser parfaitement ses propos, d’où l’emploi fréquent de la répétition. Et en effet, quand nous lisons un sutta, nous sommes frappés, et peut-être agacés au début, par toutes ces répétitions. Gardons à l’esprit qu’il y a des raisons à cela, celles notamment de préserver l’intégrité de l’information, de permettre de bien saisir ce qui a été dit, en prenant garde de ne pas inventer un sens nouveau, ni de rajouter un nouvel élément.
Chaque sutta commence par nous renseigner sur les circonstances dans lesquelles le Bouddha est amené à s’exprimer : à quel moment, à quelle occasion, à quel endroit, devant quels auditeurs… Mais les sutta ne sont pas classés de façon chronologique et cela peut nous déconcerter quand nous désirons les lire : par lesquels faudrait-il commencer ? Le Bouddha, s’adressant chaque fois à un public différent, dans des circonstances différentes, abordait un sujet parfois d’une manière détaillée, parfois pour prodiguer un conseil particulier à une personne, alors que d’autres fois il se montrait plus allusif. Le même point doctrinal sera abordé de diverses façons, tantôt dans des versions brèves – avec des connaissances sous-entendues de la part du lecteur – et tantôt dans des versions plus longues, plus explicites, autant de versions disséminées à travers tout le canon. Il ne faut donc pas se décourager si, à la lecture d’un sutta, on n’en comprend pas tout de suite entièrement le sens ; ce dernier se révélera souvent un peu plus tard, à la faveur de l’étude d’un autre sutta. Cependant, les enseignements vraiment essentiels, comme les Quatre Nobles Vérités, l’Octuple Sentier ou encore anatta (le non-soi), le Bouddha les a enseignés de nombreuses fois, en variant les approches.
Dans l’assemblée des pratiquants, une question s’est élevée…
Existe-t-il pour le bouddhisme un livre comme la Bible ?
Ajahn Sujato : Les textes canoniques du bouddhisme rempliraient toute une bibliothèque ! Mais la question est intéressante et elle s’est posée, il y a quelques années, au Parlement australien. En effet, à côté de l’orateur, il y a une Bible, pouvant être utilisée pour prêter serment. Plus tard, on a rajouté un Coran et, par la suite, on s’est demandé quel texte bouddhique pourrait convenir. Amener une caisse de livres n’était guère raisonnable, aussi, après une discussion entre bouddhistes, un seul livre a été choisi, le Dhammapada (Les Stances de la Loi). Et c’est très approprié pour le Parlement car dans ce livre, au format réduit, mais d’une grande richesse, il est écrit : « La haine n’est jamais vaincue par la haine mais seulement par l’amour. C’est la loi ancienne. »
Est-ce qu’il y a des critères qui ont été déterminés dans les sutta pour authentifier le plus possible la parole du Bouddha ?
Ajahn Sujato : Oui, il y en a mais c’est une aire d’études complexes, et malheureusement il y a très peu d’érudits dans ce domaine, comparé à l’importance des textes, à leur nombre. Un critère important est que si on retrouve le même texte à la fois en pali, en chinois et en tibétain, cela peut montrer que ce texte est daté d’avant la séparation entre les différentes branches du bouddhisme, soit à peu près 150, 200 ans après la mort du Bouddha. Il y a aussi d’autres considérations qu’on utilise, par exemple le vocabulaire, le style de l’écriture, les références géographiques et politiques. Il n’y a pas un critère unique permettant de déterminer qu’un texte est ancien ou non, mais quand on a beaucoup de critères qui se rejoignent et nous suggèrent que c’est un ancien texte, à ce moment-là oui, ça nous donne une indication que c’est un texte authentique.
Ajahn Sujato : Venons-en à présent au sutta que j’ai choisi et dont j’aimerais partager la lecture avec vous, le Paṃsudhovaka-sutta (AN 3.101[2]) : « Le sutta de la cuve ou l’allégorie de l’orfèvre ». Le sutta nous offre un enseignement sur la méditation en s’appuyant sur une métaphore : le processus de la purification de l’or dans la cuve de l’orfèvre.
(Le Bouddha s’adressant aux moines, ce jour-là, dans ces conditions-là, etc.)
« Bhikkhus, il y a des impuretés grossières dans l’or : de la terre, du sable, des cailloux et des graviers. L’orfèvre ou son apprenti, l’ayant placé dans une cuve, le lave minutieusement jusqu’à ce qu’elles aient disparu. Une fois qu’il s’en est débarrassé, il reste des impuretés de taille intermédiaire dans l’or : du sable grossier et des graviers fins. Alors il le lave minutieusement jusqu’à ce qu’elles aient disparu. Une fois qu’il s’en est débarrassé, il reste des impuretés fines dans l’or : du sable fin et de la poussière noire. Alors il le lave minutieusement jusqu’à ce qu’elles aient disparu.
Une fois qu’il s’en est débarrassé, il ne reste plus que la poussière d’or. L’orfèvre ou son apprenti, l’ayant placée dans un creuset, souffle dessus minutieusement pour en éliminer les impuretés. Tant que l’or n’a pas été travaillé minutieusement jusqu’à ce que les impuretés en soient éliminées, tant qu’il n’est pas devenu raffiné et qu’il n’est pas débarrassé de ses impuretés, il n’est pas souple, malléable, ni lumineux. Il est encore fragile et n’est pas encore prêt à être modelé.
Mais il arrive un moment où l’orfèvre a soufflé sur l’or minutieusement jusqu’à ce que les impuretés aient disparu. L’or devient ainsi raffiné, il est débarrassé de ses impuretés, il est souple, malléable et lumineux. Il n’est plus fragile et il est prêt à être modelé. Quel que soit l’ornement que l’orfèvre veut maintenant en faire, que ce soit une ceinture, une boucle d’oreille, un collier ou une chaîne en or, cet or peut maintenant être utilisé pour le réaliser. »
Cette première partie est typique de la manière très réaliste, pragmatique et très vivante, dont faisait preuve le Bouddha pour enseigner, en ayant recours à des images et métaphores variées. Les sutta du Canon pali font ainsi souvent référence, de manière précise, à des activités artisanales, à des expériences très tangibles de la vie quotidienne, afin de favoriser au mieux une compréhension des concepts ou, comme ici, de la méditation. J’ignore tout du travail laborieux de la purification de l’or, mais ce que j’ai trouvé sur YouTube est tout à fait identique à ce qui est évoqué dans le sutta ! Si vous regardez ces vidéos, vous découvrirez à quel point c’est un processus délicat. Cela requiert beaucoup d’attention dans la façon de tenir la cuve tout en versant de l’eau de manière à séparer les impuretés de l’or. Vous comprenez alors que cette attention, cette douceur, ces précautions qui sont sollicitées dans ce travail artisanal sont à placer dans l’entraînement à la méditation.
Ce qu’il faut retenir, c’est cette comparaison de l’or purifié avec l’esprit – pas avec un esprit ordinaire, mais avec l’esprit qui a été purifié par le samadhi[3], comme nous allons le voir. Les impuretés, d’abord grossières puis de plus en plus fines, représentent les obstacles et les « pollutions » présentes dans le mental. Vous pouvez vous promener dans la nature et rencontrer un ruisseau dans lequel il y a peut-être de la poussière d’or, mais vous ne la remarquerez probablement pas. Vous passez ainsi votre chemin devant quelque chose qui a énormément de valeur sans même y jeter un coup d’œil. Et c’est la même chose avec notre esprit, on est tellement habitué à vivre avec un mental tantôt agité, tantôt paresseux ou plein de haine, etc., qu’on ne se rend absolument pas compte que l’esprit pourrait devenir comme un gemme, un joyau précieux, si on lui prêtait une attention appropriée.
Il y a quelques années, j’arrivais à mon village d’enfance à Perth en Australie et j’ai été emmené par un chauffeur de taxi depuis l’aéroport. Sur la route, ce chauffeur de taxi a commencé à me parler de sa méditation. Il a dit qu’il essayait de se concentrer sur la respiration. Mais il y avait toujours des pensées qui venaient le distraire. Quand il a dit cela, ça m’a semblé très familier. Je suis sûr que cela vous dit aussi quelque chose. C’est sans doute la façon dont vous expérimentez la méditation, et la façon dont vous en parlez. Mais à bien y regarder, je trouve que c’est une façon étrange de parler de la méditation car c’est assez différent de la façon dont le Bouddha a enseigné la méditation. Qu’est-ce qu’on entend par se concentrer sur un « objet » de méditation ? En fait le Bouddha n’a jamais utilisé le mot « objet » quand il parlait de la méditation, il n’a jamais utilisé quelque chose de vague comme ça. Quand il parlait de la méditation, il parlait d’une perception, d’une conscience. Il n’a jamais appelé ça un « objet ».
« Qui pense ces pensées ? Quand on médite, on a souvent l’idée qu’on est victime de ces pensées. Les pensées, c’est quelque chose qui m’arrive. C’est fou, les pensées ne nous arrivent pas de l’extérieur ! »
Une séparation peu judicieuse Pensez à ce que cela implique. Il y a moi qui suis là et puis il y a cet objet qui est à l’extérieur et dont je suis séparé. Donc dans mon esprit, j’ai transformé cet objet en quelque chose qui est séparé de moi. Et alors surgissent toutes ces pensées. Qui pense ces pensées ? Quand on médite, on a souvent l’idée qu’on est victime de ces pensées. Les pensées, c’est quelque chose qui m’arrive. C’est fou, les pensées ne nous arrivent pas de l’extérieur ! C’est nous qui les faisons ! Les pensées, c’est une action, c’est un comportement.
Mais je crois que dans notre façon habituelle de méditer, il s’est glissé un mécanisme de défense psychologique du fait qu’on n’aime pas ses pensées. On veut vraiment qu’elles partent. Et en voulant s’en séparer, en se disant qu’elles ne sont pas miennes, on espère garder sain et sauf ce moi qui est « à l’intérieur », qui est pur. Ce « moi », ce n’est pas celui qui pense toutes ces pensées, ces pensées de haine, ces pensées de luxure, ces pensées de revanche. Ce sont juste des pensées qui m’arrivent, et elles rendent la tâche difficile pour se concentrer sur l’objet de méditation. Et donc, on doit se concentrer encore plus fortement sur cet objet pour garder ces pensées à l’écart.
Concentration : le mot qui piège Ce mot concentration révèle beaucoup de chose. En anglais, comme en français, la concentration est souvent associée à l’idée d’avoir à porter son attention sur quelque chose qui est intrinsèquement ennuyeux. Par exemple, si les enfants au fond de la classe font des bêtises, vous leur dites : « Concentrez- vous ! » Personne n’a jamais demandé à un enfant de se concentrer sur un jeu vidéo ! C’est la façon dont on utilise le mot « concentrer » et qu’on a de se raisonner : « C’est très ennuyeux mais je vais le faire car c’est bon pour moi. »
Je prends du temps pour parler de ça parce que je veux que vous puissiez voir comment vous appliquez ce modèle dans votre propre méditation. J’ai entendu ce type de langage utilisé dans les entretiens de nombreuses fois : « J’essaie de me concentrer sur la méditation mais il y a tant de pensées, tant de choses. » Ce langage semble être répandu partout et presque tous les livres sur la méditation en sont remplis.
Quand j’ai regardé toutes les différentes façons dont le Bouddha a parlé de la méditation, les termes et le langage étaient toujours très spécifiques. Par exemple, une expression importante pour parler de la méditation sur la respiration, est :
« So sato va assasati,
sato va passasati »,
« Ainsi attentif et conscient, il (le moine) inspire,
ainsi attentif et conscient, il expire ».
N’est-ce pas une façon assez différente de parler de la méditation ? Il n’y a rien qui parle de se concentrer sur un objet. Il n’y a rien qui parle d’essayer d’arrêter de penser. Dans l’expression palie, la méditation, c’est un verbe, c’est une action. Vous respirez, vous respirez en conscience. « Conscient vous inspirez, conscient vous expirez. » La méditation, c’est ce qu’on est, ce qu’on fait, comment on vit, à cet instant. Un autre mot que le Bouddha utilisait pour la méditation est le mot vihara ou le verbe viharati qui veut dire « demeurer » mais aussi tout simplement « vivre ». Méditer c’est : comment est-ce que je vis cet instant ?
« Si vous essayez d’arrêter de penser c’est seulement parce que vous n’aimez pas ce processus des pensées. Et si vous n’aimez pas le fait de penser c’est seulement parce que vous n’aimez pas une partie de vous-même. »
La tante Sally Si vous essayez d’arrêter de penser c’est seulement parce que vous n’aimez pas ce processus des pensées. Et si vous n’aimez pas le fait de penser c’est seulement parce que vous n’aimez pas une partie de vous-même. Pensez à l’allégorie dont nous avons parlé, de la purification de l’or. La cuve et l’eau, et la saleté à l’intérieur qui se sépare de l’or.
Habituellement quand on médite on essaye d’enlever ces impuretés mais on n’y parvient jamais vraiment bien. Mais ce n’est pas ce qui ressort de cette allégorie. La purification de l’or, comme la méditation, c’est juste une action que vous faites. Et c’est cette action délicate, avec un rythme délicat qui purifie vos pensées.
Dans cette allégorie, la cuve c’est le corps. La saleté, ce sont vos empêchements, les obstacles. Et le mouvement de la cuve, c’est l’application de la méditation. L’eau, c’est la joie, le sentiment de plaisir de la méditation. L’or purifié c’est l’esprit purifié par la méditation. C’est comme cela qu’on purifie l’esprit, non pas en essayant de se débarrasser des « mauvaises choses » mais en procédant avec l’esprit à l’image de ce mouvement de la cuve, doux et délicat, qui permet à la méditation de se poursuivre.
Donc au lieu de croire que les pensées sont des choses mauvaises dont il faut se débarrasser, pensez qu’elles font partie de vous. Elles sont là et c’est ok. C’est comme un membre de la famille qui nous embête. C’est comme tante Sally. Tante Sally est vraiment embêtante. Elle parle toujours mal. Elle boit trop. À chaque fois que vous avez une réunion de famille, vous vous dites : « Est-ce qu’on va demander à Tante Sally de venir ? » Mais vous savez que si vous ne lui demandez pas, ça va être encore pire. Donc vous l’invitez, elle vient, vous l’accueillez et prenez de ses nouvelles, et puis vous lui tendez un verre de vin et quelque chose à manger. Mais tante Sally commence à tout critiquer, à médire et à dire toutes ces mauvaises choses. Mais vous, vous souriez simplement et vous dites : « Ah oui ! D’accord. » Elle fait partie de la famille, il n’y a pas de problème. Et puis elle s’endort, elle a trop bu. Plus tard, vous vous dites : « Ah finalement ce n’était pas si mal. » Tante Sally ce sont nos pensées, c’est juste une partie de notre esprit, la haine, l’envie et l’illusion. C’est là, on n’a pas besoin de faire quelque chose de particulier. En poursuivant tranquillement la méditation, petit à petit ça va se décanter et l’esprit pur va émerger. Donc, quand vous avez toutes ces vilaines pensées qui vous viennent, dites simplement : « Salut Tante Sally ! » Ce n’est pas si mauvais. Et puis, vous continuez juste avec votre méditation.
J’ai passé du temps à parler de ces aspects de la méditation parce que je pense que c’est très important. Et je voudrais que vous gardiez cela à l’esprit, que vous contempliez cela. Plutôt que de penser que c’est votre travail d’amener l’esprit à être tranquille, faites simplement votre méditation.
Donc, rappelez-vous que ce n’est pas votre travail de rendre votre esprit tranquille. Votre respiration veut que vous soyez paisible. Le sentiment de metta veut que vous soyez en paix. Ça n’a rien à voir avec vous. Personne ne vous rend responsable. Soyez simplement en paix, soyez avec votre méditation et alors votre esprit deviendra paisible par lui-même.
[1] Patimokkha : les 227 règles de discipline que doit observer un moine. [2] AN : Anguttara nikaya : Le « recueil des discours supplémentaires » est le quatrième des cinq nikaya dans le Sutta Pitaka du Tipitaka du bouddhisme theravada. Ce recueil se compose de 9 557 discours courts, groupés dans 11 Livres. [3] Samadhi : désigne l’absorption méditative, l’unification mentale dans lesquelles l'esprit devient absorbé dans le sujet de méditation (par exemple la respiration).
Cet article est paru dans Sagesses Bouddhistes n°21 (Printemps 2022)
Traduit de l’anglais par Amandine Barnier
Remerciements au centre bouddhiste theravada Le Refuge
Ajahn Sujato (Anthony Best) est un moine bouddhiste australien. En 1994, il laisse sa carrière musicale pour prendre l’ordination complète en Thaïlande dans la lignée d’Ajahn Chah des moines de la forêt. En plus de vivre pendant plusieurs années dans des monastères de forêt et des ermitages reculés de Thaïlande, il a passé trois ans au monastère Bodhinyana (Perth) en tant que secrétaire d’Ajahn Brahmavamso, et plus d’un an dans une grotte en Malaisie. Il allie son amour de la méditation à l’étude des enseignements du Bouddha.